Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une raffinerie, à 16h18, une boule de feu de 1 m de diamètre se forme sur une tuyauterie en travaux.

Un obturateur rapide est en cours de remplacement. Une fuite enflammée de gaz de 5 m de longueur se forme au niveau de l’obturateur. Une flamme apparait sur une vanne ouverte pour l’opération. Cinq employés, dont 4 sous-traitants, sont blessés. Seul l’un d’eux, brûlé à la nuque, est transporté à l’hôpital. Il en ressort en soirée. L’exploitant déclenche son POI. Les pompiers refroidissent l’installation située à 10 m de hauteur avec des lances à eau. Des barrages sont installés sur le canal en bordure de site afin d’éviter une pollution par les eaux de refroidissement. Les travaux avec permis de feu, les chargements et manipulations de produits sont suspendus sur le site.

L’exploitant tente d’arrêter la fuite en fermant les vannes alimentant la tuyauterie en gaz. De l’azote y est également injecté. À 6h23, l’exploitant ferme un joint d’isolement séparant les 2 parties principales du réseau de gaz du site. La flamme se réduit alors à 50 cm. À 10h05, la flamme est éteinte. Une vanne, détectée inétanche, est remplacée. La fuite est finalement stoppée vers 19 h. Le POI est levé à 21h17. Des irisations constatées sur le canal sont pompées. Durant l’intervention, l’exploitant diffuse 4 communiqués de presse.

Des travaux planifiés de maintenance étaient en cours sur l’équipement à l’origine de l’événement. L’obturateur rapide est situé sur une tuyauterie reliant un compresseur de gaz et une torchère. Un dispositif temporaire de type baudruche, avec balayage azote, avait été mis en place afin d’assurer l’isolement de la tuyauterie. Le départ de feu est survenu au moment de l’accostage du nouvel obturateur rapide. Il serait dû à l’inflammation de dépôts pyrophoriques, des résidus de calamine. Ceux-ci étaient présents dans la tuyauterie et seraient entrés en contact avec un élément non calorifugé d’une ligne vapeur passant en dessous de la zone d’intervention. La fuite enflammée est ensuite survenue, alimentée par les gaz résiduels de la tuyauterie puis par les gaz de la torchère (perte d’étanchéité de la baudruche).

L’exploitant mène une analyse des causes de l’événement, qui identifie :

  • une maintenance insuffisante de l’obturateur rapide ;
  • une analyse de risque de l’intervention incomplète : présence d’un point chaud non calorifugé sous le lieu de l’intervention, ainsi que d’un combustible très inflammable présent à l’intérieur de la conduite ;
  • une procédure inadéquate pour la mise en œuvre des moyens d’isolement particuliers.

L’exploitant est jugé 6 ans plus tard au Tribunal correctionnel pour “blessures involontaires” et “violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence dans le cadre du travail”. Il y est notamment relevé l’absence d’inspection commune préalable du site entre l’exploitant et son sous-traitant.