Pollution
Humain
Environnement
Economique

A 11h20, dans un site chimique implanté sur une zone portuaire, un feu se déclare sur un pipeline de produit de raffinage en coupe C4 au cours de travaux de maintenance. Les employés de la société de maintenance sous-traitante s’éloignent de la zone de danger. Les agents de sécurité essayent d’éteindre l’incendie avec des extincteurs. Le poste de commandement du port alerte les pompiers. A 11h30, juste après le début d’intervention, la conduite d’éthylène adjacente explose. Un morceau de conduite de 30 m se détache de son ancrage et est projeté vers le quai où les pompiers ont pris position. L’incendie se propage à d’autres conduites de gaz inflammables et à un bateau stationné sur le quai. Sous l’effet thermique, plusieurs autres conduites explosent. Les 160 pompiers présents attaquent le sinistre à l’aide de mousse. Une combustion contrôlée des gaz inflammables est mise en place. Les 2 unités de vapocraquage de l’usine chimique sont mises à l’arrêt, ainsi qu’une partie des unités de production. La livraison de matières premières sur le site est arrêtée. La population locale est appelée à se confiner. Autour du site, la qualité de l’air est mesurée en continu. L’exploitant communique sur l’accident via son site internet et les réseaux sociaux. Le sinistre est maîtrisé à 21h30.

Conséquences et suites données

Le bilan humain est très lourd : 5 morts (4 pompiers internes, un marin du bateau stationné au port), 6 blessés graves et 22 blessés légers. Les dommages matériels sont considérables : conduites, racks, bateau-citerne, véhicules légers, poids lourds, véhicules des pompiers détruits.

Les substances prises dans l’incendie sont : éthylène, propylène, 2-ethyl-hexane-1-ol, essence de pyrolyse, méthanol et raffinat C4. Les résultats des mesures réalisées sur le site et dans les environs révèlent qu’il n’y a pas eu de concentrations anormalement élevées en substances dangereuses dans l’air, hormis dans l’environnement immédiat de la zone accidentée.

Les eaux d’extinction sont prises en charge par la station de traitement du site.

Les travaux de nettoyage et de recherche d’un disparu ne commerce que le surlendemain de l’accident, après que tout risque pour les sauveteurs – lié aux fuites de gaz – soit écarté. Lors des recherches dans le bassin du port fluvial, le corps du marin est retrouvé.

Quelques jours après l’accident, les vapocraqueurs sont redémarrés. Les autres unités sont redémarrées progressivement dans les semaines suivantes.

Le montant des dégâts matériels internes est évalué à 247 M€ (indices décembre 2019).

Analyse des causes

L’entreprise extérieure réparait une conduite de propylène. Les autorisations de travaux avaient été obtenues en amont. La conduite avait été vidée, rincée, inertée à l’azote avant démarrage des travaux le 14/10. Des découpes et soudures étaient nécessaires à plusieurs endroits de la conduite (retrait de pièces et remplacement). Le jour de l’accident, un encadrant du sous-traitant est présent sur les lieux avant le démarrage des travaux. La vidange effective de la conduite à réparer est vérifiée par réalisation d’un trou de 3 mm à la tarière à main. Des mesures sont effectuées avec un explosimètre portatif pour vérifier l’absence de résidu d’hydrocarbure et l’absence d’atmosphère explosive. Plusieurs découpes sont réalisées et plusieurs morceaux de conduite retirés. Avec une meuleuse à angle, le sous-traitant aurait attaqué par erreur la mauvaise canalisation. Au lieu d’attaquer la conduite de propylène vidée et préparée, il aurait découpé une conduite de coupe C4. Le gaz serait sorti par l’entaille réalisée dans la conduite et se serait enflammé au contact d’étincelles. Les flammes auraient chauffé la conduite adjacente d’éthylène jusqu’à son explosion, causant ensuite de nouvelles explosions et un feu généralisé. L’exploitant travaillait depuis 25 ans avec cette entreprise sous-traitante. L’ouvrier était déjà intervenu sur ces installations.

Suite à l’accident, la presse révèle que certains employés de l’usine se disaient inquiets sur le mauvais état des installations. En raison d’un programme d’économies, l’entreprise aurait réduit le nombre de modernisations et de mises à niveau.

REX

Le site n’avait pas connu d’accident aussi grave depuis des décennies (le dernier remontant à 1948, avec 207 morts et près de 3 800 blessés). L’entreprise connaît toutefois plusieurs incidents chaque année.

En 1998, un accident sur ce site impliquait une confusion pendant une opération de maintenance (ARIA 13414). En 2014, un accident impliquant l’explosion d’un gazoduc est survenu sur la plateforme chimique (chez autre exploitant) causant 2 morts (ARIA 45867). En 2008, un accident dans une usine chimique à Cologne avait impliqué l’inflammation rapide d’un pipeline d’éthylène suite à des travaux de maintenance (ARIA 35672). L’accident avait conduit le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à mettre en place des prescriptions sur l’éloignement minimum entre pipelines de gaz inflammables et établissements Seveso.