Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un vendredi vers 13h40, dans une installation de tri et de traitement de déchets de métaux, un feu se déclare dans un stockage de déchets gros électroménagers hors-froid (GEM HF) de 1 000 m³. Le personnel constate la présence de fumée et alerte les secours. Les pompiers craignent que les flammes se propagent à d’autres déchets présents sur le site. Ils protègent le broyeur en déplaçant les déchets au fur et à mesure à l’aide de 2 grues. Après reconnaissance, la quantité de déchets concernés est de 220 m³. Des fumées noires, visibles de loin, se dégagent. Les secours conseillent aux riverains de fermer leurs fenêtres et demandent à l’entreprise voisine de confiner son personnel. Après vérification, les fumées ne présentent pas de risque particulier. La circulation ferroviaire sur la ligne à proximité est coupée. Le sinistre est circonscrit à 19 h. Le lendemain matin, les pompiers arrosent encore le stock de ferrailles mais la situation est sous contrôle. Le site reste sous surveillance tout le week-end. L’activité du site et la circulation ferroviaire reprennent le lundi matin.

Conséquences

Une partie des 5 000 m³ d’eaux d’extinction utilisés lors de l’intervention s’infiltre dans les sols. Seulement 150 m³ sont pompés et évacués vers une installation de traitement. Le site étant situé dans le périmètre de protection éloigné de captages d’eau potable, un communiqué de presse du 06/09/2016 précise que les analyses ont montré l’absence d’impact sur la qualité de l’eau au niveau des captages.

Analyse des causes et mesures prises

Le feu a pris en bordure du stock de GEM HF. L’exploitant évoque 2 pistes concernant l’origine : un auto-échauffement des déchets, possible en raison de l’épisode caniculaire en cours au moment du sinistre et du stock important de déchets, ou un acte de malveillance. L’inspection des installations classées constate que la hauteur de stockage, plus de 15 m, dépasse la hauteur de la clôture d’enceinte du site. L’exploitant explique l’importance du stock par la chute des cours des métaux, la grève du fret ferroviaire et par la période estivale et les congés des entreprises de transports. Cependant, la saturation du site est un problème récurrent, déjà observé lors des contrôles précédents réalisés par l’inspection. Malgré les demandes répétées de l’inspection, l’exploitant n’a pris aucune mesure efficace pour y remédier. Cette saturation du site a entraîné une absence de zone libre de tout déchet pour faire la part du feu.

D’autres non-conformités sont mises en évidence, en termes :

  • d’accessibilité : les voies de circulation internes sont trop étroites pour permettre l’intervention simultanée des grues de l’exploitant et des engins des secours ;
  • de moyens de prévention et de lutte contre l’incendie : les moyens de lutte internes et publics n’étaient pas suffisants et ont nécessité le recours à des poteaux incendie privés ;
  • de clôture : l’inspection a constaté que l’incendie a impacté la clôture du site (mur bétonné, bardage métallique et grillage) avec un risque d’affaissement de l’ensemble. Pendant leur intervention, les pompiers craignaient que l’ensemble ne s’effondre.

Le site a déjà connu plusieurs incendies, qui avaient tous mis en évidence des non-conformités similaires en termes de modalités d’exploitation et de gestion des situations de secours (ARIA  38109 le 21/04/2010, ARIA 40035 le 13/02/2011, ARIA  43091 le 26/11/2012, ARIA  46819 le 06/07/2015).

Un arrêté de mise en demeure est pris. L’inspection demande à l’exploitant de :

  • réaliser une étude de stabilité de la clôture et effectuer les travaux de réparation/renforcement nécessaires ;
  • limiter la hauteur de stockage de déchets à la hauteur du bardage métallique ;
  • aménager l’aire de stockage en zones isolées afin d’empêcher les effets dominos ;
  • créer une zone d’isolation derrière les stockages, de manière à ce que les déchets ne soient pas en contact direct avec le bardage ;
  • créer une zone tampon, libre en permanence de tout déchet, pour permettre de faire la part du feu ;
  • établir des voies de circulation internes suffisamment larges pour que les engins des pompiers puissent évoluer sans difficulté ;
  • aménager les installations de manière à ce que toute pollution accidentelle (eaux d’extinction d’incendie) soit intégralement confinée à l’intérieur du site.