Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un feu se déclare vers 13h15 dans un dépôt de munitions historiques de 3 700 m² appartenant à l’Etat et abritant plusieurs tonnes d’obus et d’explosifs des 2 guerres mondiales (issus de découvertes et collectés par les services français de déminage). Des explosions en chaîne se produisent et propagent l’incendie à plusieurs zones de stockage. Un important panache de fumée s’élève. Un agriculteur voisin donne l’alerte.

En raison des risques de projections, les secours établissent un périmètre de sécurité de 1 000 m et laissent brûler sans intervenir. Ils évacuent 8 personnes de 7 maisons et coupent 2 routes. Des mesures permettent de vérifier l’innocuité des fumées. Le lendemain matin, quelques explosions se font encore entendre et l’intervention au sol reste impossible. Le soir, un survol de la zone permet de constater l’extinction des foyers. Les démineurs évacuent et éliminent alors les munitions instables (traumatisées thermiquement par l’incendie) : 800 kg de munitions sont ainsi neutralisées par “pétardage” (enfouissement puis explosion provoquée) dans un champ voisin.

Les pompiers éteignent les dernières fumerolles. Le site est nettoyé. Les secours quittent les lieux 5 jours plus tard.

Conséquences et suites données

Le feu s’est déclaré dans le secteur dédié au stockage provisoire de munitions anciennes découvertes dans les sols de la région et récupérées par les démineurs des services spécialisés de l’Etat lors de campagnes de ramassage. Ce secteur est en grande partie détruit. Toutes les caisses plastiques contenant des munitions ont fondu sous l’effet de la chaleur. La dalle béton recouvrant le sol du dépôt est endommagée par les obus ayant explosé. Les hangars métalliques abritant les caisses de munitions ont été endommagés (bardage déformé, toiture détériorée par les impacts). Des obus et fragments métalliques projetés lors des explosions sont retrouvés à l’extérieur du site.

Un arrêté préfectoral suspend l’exploitation du site jusqu’à sa totale dépollution et sa remise en état. Tout stockage de produit explosif est interdit.

Analyse des causes et mesures prises

Les causes de l’accident sont inconnues. Le dépôt impliqué était en cours de régularisation administrative.

Le jour de l’accident, des bombes incendiaires au phosphore blanc étaient présentes sur le site. Ces bombes possèdent des propriétés d’auto-inflammation et peuvent être incompatibles avec le stockage d’autres types de munitions.

Le site était initialement équipé de rampes d’arrosage mais celles-ci avaient été neutralisées en 2013. Cette absence de système d’arrosage a favorisé la propagation de l’incendie. Étant donné l’ampleur prise par le sinistre, l’intervention des pompiers a été rendue impossible en raison du risque d’explosion.

Par ailleurs, le stockage extérieur des bombes a contribué à l’extension du sinistre par effet domino.

Le site a déjà fait l’objet de nombreux travaux : en 1993, remplacement des grillages et du portail d’accès, en 1998, surveillance électronique et renforcement des dispositifs anti-intrusion, en 1999, installations de toits au-dessus des caisses de munitions toxiques. En 2001, le site avait été complètement réorganisé.

Le site a déjà connu plusieurs incidents et accidents :

  • en 2001, après la mise en évidence d’un “danger d’explosion imminente”, le Premier ministre avait décidé l’évacuation de 55 t de munitions vers le site de Suippes (Marne) au cours d’une opération qui nécessita l’évacuation de 12 500 personnes durant une semaine et mobilisa de nombreux services de l’Etat (ARIA 20246) ;
  • en 2008 : explosion de munitions lors d’un déchargement causant 2 décès (ARIA 19133) ;
  • en 2004 : incendie dans une caisse de munitions au phosphore blanc (ARIA 28059) ;
  • en 2005 : explosion d’une palette contenant 44 obus de 77 mm (ARIA 30085).

Face aux constats effectués, l’inspection des installations classées demande à l’exploitant de :

  • mettre en place une gestion des stocks (registre entrée/sortie) pour connaître à tout moment l’équivalent TNT présent sur site ;
  • analyser le retour d’expérience associé aux munitions au phosphore blanc et mettre en place des mesures d’exploitation adaptées ;
  • limiter le stockage de munitions en quantité et en durée et ne plus utiliser de caisses en matière plastique ;
  • stocker les munitions dans un bâtiment fermé avec murs coupe-feu et non à l’extérieur ;
  • mettre en place une vidéosurveillance (un tel système aurait permis de visionner le déroulé de l’incendie) ;
  • relever les merlons ;
  • déposer un dossier de demande d’autorisation d’exploiter comprenant une étude de dangers complète ;
  • étudier, par des études technico-économiques, la mise en place de dispositifs contre les projections, d’un système d’extinction et de brumisation au niveau des stockages de munitions, d’un fractionnement des stockages en cellules indépendantes et de moyens de protection contre les agressions externes (malveillance).