Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans un site de stockage de produits pyrotechniques, une explosion se produit à 15h35. Le responsable du site, qui transfère des produits explosifs avec un chariot élévateur motorisé entre le quai de chargement/déchargement et un des dépôts de stockage, est tué sur le coup. Un second employé, présent à proximité, est également tué.

Deux salariés, qui avaient quitté le site quelques minutes avant les faits, font demi-tour après avoir entendu la détonation et observé le dégagement d’un panache de fumées blanches (champignon). Ils donnent l’alerte. Le POI est déclenché. Les pompiers éteignent l’incendie sur le chariot élévateur.

Le corps du responsable du site est retrouvé à côté du chariot. Celui du salarié est retrouvé en contrebas du lieu de l’explosion, probablement emporté par la rupture d’une réserve d’eau de 120 m³.

Un cratère de 1 m de diamètre sur 0,3 m de profondeur s’est formé. Le chariot est entièrement calciné et a reculé de 5 m par rapport au cratère. Des débris métalliques et plastiques du chariot sont projetés sur un rayon de 30 m. Les toitures de 2 dépôts de stockage situés à 50 m sont endommagées a priori par le souffle. Il n’y a aucun dégât à l’extérieur du site.

Un arrêté préfectoral de mesures d’urgence est pris. La reprise d’activité dans la zone sinistrée se fait après réparation de la voie d’accès détériorée, mise en sécurité des dépôts impactés, réparation de la réserve d’eau d’extinction et mise en place d’actions spécifiques.

L’accident s’est déroulé alors que les 2 seules personnes sur site étaient celles qui sont décédées. Le responsable du site, décédé dans l’accident, avait 18 ans d’ancienneté. La 2ème victime était un intérimaire qui avait été embauché pour la saison.

Les produits transportés étaient des marrons d’air (artifices de divertissement) de diamètre 75 mm, emballés dans des cartons agréés au transport (produits de division de risque 1.1). La masse totale de matière active du chargement (11 colis de 60 marrons d’air chacun) était de 89 kg : 66 kg de composition de perchlorate de potassium et d’aluminium ainsi que 13 kg de poudre noire. La présence d’un cratère et l’absence de tout débris de palette ou de carton confirment la survenue d’un phénomène d’explosion en masse.

L’inspection des installations classées constate plusieurs écarts notables :

  • un chariot élévateur a été utilisé à la place du véhicule de transport interne dédié aux transferts de produits entre le quai de chargement/déchargement et l’aire de livraison des dépôts de stockage ;
  • la palette sur laquelle étaient posés les cartons n’était pas filmée.

Le chariot circulait sur une voie en pente. Un colis serait tombé et aurait été écrasé sous les roues du chariot. Il y aurait alors eu un effet de frottement / point chaud sur de la substance pyrotechnique répandue au sol. Cette hypothèse fait suite au constat que la fourche a été désolidarisée du chariot élévateur et que ses roues ont été arrachées et projetées latéralement à 20 m de chaque côté. Cette configuration indique que la charge initiale se trouvait probablement sous le chariot puis qu’il y a eu transmission à la charge principale sur la palette.

Plusieurs autres hypothèses, telles qu’une instabilité de la substance pyrotechnique, une fuite de produit pyrotechnique suite à un défaut de qualité d’un marron d’air… sont écartées. En effet, des marrons d’air issus du même lot sont expertisés. Aucune anomalie de stabilité ou de conformité n’est identifiée. Les produits, fabriqués par une société portugaise, avaient été livrés la veille sur un autre site géré par l’exploitant, puis transférés le matin même sur le site où s’est déroulé le sinistre, pour y être entreposés. L’exploitant travaillait avec ce fabricant depuis une dizaine d’années. C’était toutefois la première fois qu’il commandait ce type de marrons d’air de 75 mm.

Suite à l’accident, l’exploitant :

  • décide l’arrêt complet de l’achat de marrons d’air et de produits de la division de risque 1.1 ;
  • rappelle à son personnel l’interdiction formelle d’utiliser un chariot élévateur pour les transferts de produits entre le quai de chargement/déchargement et l’aire de livraison des dépôts ;
  • rappelle la nécessité de transporter les produits dans des emballages fermés filmés ensemble si ces derniers sont sur des palettes ;
  • organise des rendez-vous sécurité 2 fois par semaine en période de forte charge ;
  • met en place des contrôles (programmés et inopinés) pour s’assurer de la bonne application des règles de sécurité, des modes opératoires et des consignes. Ces contrôles seront effectués par des personnes de l’encadrement indépendantes de la production ;
  • fait réaliser un audit de l’organisation de l’exploitation ;
  • met à jour l’étude de dangers de l’établissement, notamment sur l’analyse des risques liés au transport interne et à la manutention des produits pyrotechniques.

En 2020, le tribunal correctionnel condamne l’exploitant à à 40 000 euros d’amende dont 20 000 euros avec sursis pour homicide involontaire. L’entreprise a également été reconnue coupable de diverses infractions à la réglementation sur la sécurité au travail et pour non-respect de mesures liées à l’exploitation d’un site classé Seveso. En conséquence, elle devra payer diverses amendes pour un total de 4 500 euros.