Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 9h30 dans une usine chimique d’engrais azotés, un dégagement de vapeurs d’oxydes d’azote de couleur orangée se produit sur une citerne routière en remplissage. Les intervenants arrêtent le pompage, évacuent la zone et donnent l’alerte. Le POI est déclenché vers 10h20 et le personnel du site se confine. Une Equipe de Première Intervention se rend rapidement sur place. Elle examine la citerne et découvre deux fuites en partie basse au niveau de la bride de la vanne de fond et de la circonférence de la porte de la citerne : 2 m³ d’acide nitrique se déversent au sol. Elle met en place des rideaux d’eau pour abattre les vapeurs. Elle répand de la craie (sous forme de carbonate de calcium) afin de neutraliser l’acide nitrique déversé au sol.

Le personnel de l’usine reste confiné pendant 1 h. Les usines voisines sont informées. Les 2 opérateurs de pompage sont placés en observation médicale. Une fois la citerne vidangée, celle-ci est ouverte puis rincée à l’eau. Une société agréée réalise le pompage et l’élimination des flaques au sol. Le POI est levé à 11 h.

Matériau incompatible avec le produit 

Le dégagement a pour origine une réaction de l’acide nitrique dilué à 31 % avec l’acier carbone de la citerne routière. Ce type de matériau est incompatible avec le stockage d’un acide à caractère corrosif : une corrosion circulaire et perforante est découverte sur la soudure fixant la tubulure d’alimentation au fond amovible de la citerne. De plus, cette citerne devait être déclassée prochainement.

Formation et contrôle insuffisants du sous-traitant 

L’encadrement du chauffeur sous-traitant estime qu’il aurait du connaitre l’incompatibilité de la citerne avec un chargement acide de par son expérience. L’enquête montre pourtant que c’était le seul véhicule citerne disponible ce jour là pour réaliser la vidange du puisard et qu’il ne portait aucun dispositif de marquage des risques (losange ou plaque orange) susceptible de lui rappeler le risque. De plus, le permis de travail standard délivré par l’exploitant ne rappelle pas les risques chimiques et d’incompatibilités entre le produit et le matériau des citernes. Seul un rappel oral général auprès du sous-traitant a été fait pour cette opération assez courante, lors de la passation du contrat cadre : les risques spécifiques comme ceux d’incompatibilités avec l’acide sont considérés comme acquis par les sous-traitants lors de la qualification interne à leur entreprise. De plus, l’information donnée au sous-traitant sur la nature du produit à pomper n’était pas assez précise et a fait l’objet d’une incompréhension de sa part. Enfin, le plan de prévention établi pour les actions de pompage précise que la responsabilité du choix du matériel en fonction des caractéristiques du produit repose sur la société sous-traitante, et non sur l’exploitant comme le demande la réglementation. 

L’exploitant modifie les procédures de pompage avec prise en compte du risque lié aux incompatibilités produit à pomper / matière de la citerne. Il renforce la formation des sous-traitants et les informations à donner sur le permis de travail avant travaux grâce à une caractérisation systématique de la nature et de la concentration produit à pomper.