Vers 19h45, dans un centre de tri et d’incinération de déchets ménagers et de déchets d’activités de soins (DASRI), les employés observent un départ de feu sur le broyeur à encombrants. Ils l’arrosent à l’aide de canons à eau. Des déchets enflammés tombent par gravité dans la fosse d’incinération de 1 500 m³. L’incendie se propage. Un important panache de fumées se dégage. L’installation est arrêtée et les salariés de la zone “incinération” évacués. Les pompiers circonscrivent l’incendie vers 22 h à l’aide de lances à eau et mousse. Le désenfumage est réalisé par les exutoires ouverts manuellement en partie haute. Les grappins servant à charger les déchets étant hors service à cause du sinistre (fonte des câbles), les secours ne peuvent les utiliser pour étaler la matière et faciliter l’extinction. Le feu reprend en intensité dès qu’une lance est mise à l’arrêt. L’exploitant fait acheminer une pelle mécanique vers 6 h le lendemain pour disperser le combustible. L’incendie est éteint vers 19 h.

Conséquences et suites données

Les flammes brûlent 10 à 30 t d’ordures ménagères. Les DASRI n’ont pas été impactés car ils sont introduits directement dans le four sans passer par la fosse.

Les eaux d’extinction sont confinées dans le bassin de rétention. Une détérioration du béton de la fosse est observée. Des prélèvements sont effectués dans la nappe en aval de la fosse via les piézomètres existants pour vérifier l’absence d’impact environnemental.

Les 2 skydômes situés à l’aplomb de la zone concernée par l’incendie ont fondu. Les câbles électriques sont endommagés. Les ponts roulants et les grappins ne sont plus utilisables. La remise en état dure plusieurs semaines. Une expertise de la toiture du bâtiment est réalisée. Le centre de tri n’est pas impacté. Pendant les travaux, les déchets ménagers sont orientés vers des installations de stockage de la région et les DASRI vers des centres de traitement spécialisés. Les déchets impliqués dans l’incendie présents dans la fosse sont incinérés dans les fours lors du redémarrage des installations. L’incinérateur ne pouvant plus assurer son rôle de fournisseur de chauffage urbain, des centrales thermiques prennent le relai. Un arrêté préfectoral de mesures d’urgence fixe les conditions nécessaires au redémarrage des installations (vérification des installations et équipements, de la structure du bâtiment, de la détection et de la protection incendie, remise en service des trappes de désenfumage, réfection de la fosse..). L’incinération des ordures ménagères et des DASRI reprend 20 jours après l’accident.

Analyse des causes et retour d’expérience

Selon l’exploitant, l’incendie est lié au traitement des encombrants de déchetterie (présence de produits chauds, tels que des cendres de barbecue ou bien inflammation causée par une étincelle survenue pendant leur broyage).

Un incendie de la fosse de stockage des déchets ménagers, aux conséquences moindres, s’était produit sur le site l’année précédente (ARIA 46695) au même niveau. L’origine présumée du départ de feu était également imputable aux encombrants (feu couvant).

Suite à ce nouvel événement, l’exploitant :

• renforce l’arrosage des déchets à la sortie du broyeur ;
• adresse un courrier aux apporteurs de déchets encombrants pour les sensibiliser à l’importance du respect du cahier des charges des déchets autorisés ;
• renforce les contrôles visuels réalisés par le pontier et l’agent de quai lors de la réception des encombrants. En cas de doute, un sondage sur les apports est réalisé avec étalement des déchets et vérification au détecteur thermique portatif de l’absence de point chaud.

Par ailleurs, l’exploitant réalise des études de faisabilité sur :

• la mise en place d’un système de détection et d’extinction automatique au niveau du broyeur d’encombrants ;
• la mise en place d’un système de détection incendie plus efficace que la détection de flammes au niveau de la fosse ;
• l’isolement de la partie broyage des encombrants par rapport à la fosse ;
• le renforcement du dispositif d’arrosage de la fosse ;
• la mise en place d’un déclenchement automatique des trappes de désenfumage ;
• des solutions alternatives permettant d’intervenir rapidement sur les déchets en cas d’indisponibilité du grappin.