Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 10h52, dans un centre de récupération et traitement de métaux et véhicules hors d’usage, une explosion se produit lors du découpage au chalumeau d’un cylindre métallique. Les projections provoquent un incendie du hangar de l’entreprise et de la végétation aux abords du site. Un important panache de fumées noires se dégage. Une deuxième explosion survient.

Les pompiers établissent un périmètre de sécurité de 500 m et évacuent le site et les usines voisines. Une maison de retraite et une école sont également évacuées. L’incendie est éteint vers 12h40.

Conséquences

Les 2 sous-traitants qui réalisaient la découpe sont tués. Un riverain, 4 employés et 3 résidents de la maison de retraite sont blessés. Les services médicaux examinent une centaine de personnes et 40 par une cellule d’assistance psychologique.

Un cratère de 2,5 m de longueur, 1,2 m de largeur et 1,6 m de profondeur est visible dans la dalle en béton ferraillé au lieu de l’explosion. Le cylindre est pulvérisé. Tout est soufflé dans un rayon de 10 m autour du cratère. Le bâtiment d’exploitation, situé à 40 m du lieu de découpe, est très lourdement endommagé : toit détruit, murs déformés et fissurés, intérieur dévasté. Le portique de détection de radioactivité est en partie arraché.

Un câble d’une ligne HT, sectionné lors de la première explosion, est tombé au sol. Répartis dans 4 bâtiments, 20 appartements d’habitation sont endommagés (vitres et menuiseries). Les dommages subis par la maison de retraite sont estimés à 250 000 €. Le site étant implanté au sein d’une zone industrielle dense, 19 entreprises sont impactées (façades soufflées, bardages déformés, vitres brisées dans un rayon de 200 m, toitures endommagées, véhicules dégradés). Une quinzaine d’entre-elles voit ses activités perturbées, 31 employés sont en chômage technique, dont 4 dans le site à l’origine de l’accident.

Suites

L’inspection des installations classées se rend sur place le jour même.

L’activité du site est suspendue par arrêté préfectoral. Des mesures d’urgence sont prises :

  • mise en sécurité du site (sécurisation des accès et mise en place d’une surveillance permanente) ;
  • prise en charge et évacuation des déchets (après finalisation des expertises judiciaires) :
    • ferrailles ;
    • bouteilles de gaz utilisées pour la découpe (mise en sécurité puis élimination selon un protocole validé par leur fabricant) ;
    • déchets de fibrociment issus de l’effondrement de la toiture du bâtiment (caractérisation des déchets, mesures dans l’air ambiant pour s’assurer de l’absence de fibres d’amiante en suspension, évacuation conformément à réglementation).

Analyse des causes

Le poste de découpe était situé à l’extérieur, au niveau du stock de ferrailles, à 15 m des limites de propriété et de la route longeant le site. La découpe du cylindre métallique (rouleau de 0,40 m de diamètre sur 2 m de longueur) était réalisée avec un chalumeau alimenté par 2 bouteilles de propane et plusieurs cadres d’oxygène pour suralimenter la combustion.

Selon un employé témoin, juste avant l’explosion, un départ de feu s’est produit sur le cylindre. Conformément à la procédure, un des 2 sous-traitants est parti signaler l’incident à l’exploitant. L’explosion s’est produite lors de son retour à son poste.

D’après une expertise, menée par les services spécialisés et la police scientifique, la découpe accidentelle d’une munition militaire de fort calibre (charge de TNT de 200 à 300 kg) est à l’origine de l’explosion. Il s’agit d’une mine sous-marine anglaise de la Seconde Guerre mondiale. La mine était abîmée par le temps, ce qui l’a rendue plus instable. Étant conservé dans une chambre étanche, donc sans contact avec l’air, l’explosif était encore actif. Contrairement à un explosif civil, qui produit un effet de souffle, cet objet a créé une détonation vers le bas, engendrant un gros cratère.

Plusieurs autres hypothèses sont exclues après enquête. Il avait été envisagé que le cylindre était un rouleau provenant d’une installation agricole et que l’explosion était liée à la présence résiduelle d’engrais. L’hypothèse d’une explosion d’une ou plusieurs bouteilles de gaz n’a pas non plus été retenue face à la violence du phénomène et aux dommages occasionnés. Par ailleurs, les bouteilles de propane sont retrouvées à plusieurs mètres du cratère, percées par des projectiles mais sans trace d’explosion interne.

L’exploitant met à jour son étude de dangers pour tenir compte du retour d’expérience de l’événement.