Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 6h15 un dimanche, un opérateur en ronde découvre des vapeurs acides provenant d’une fuite sur une cuve de stockage dans une entreprise spécialisée dans la fabrication d’antioxydants. Le réservoir, en cours de démantèlement, se trouve sur une rétention à l’air libre. Il contient 2 t de bichlorure de soufre (SCl2, liquide corrosif) et 5 t de propylène carbonate, solvant non inflammable destiné à dissoudre les 3 t de dépôts solides en fond de bac. Le rondier donne l’alerte, des rideaux d’eau sont mis en place pour rabattre les dégagements gazeux et éviter toute émanation dans l’air. Suite à une tentative de réparation infructueuse, les secours sont appelés vers 7h45. Les 11 salariés présents sur le site sont évacués. Le POI est déclenché à 8h34.

Les pompiers ferment les 3 trous d’homme. Ils colmatent provisoirement la fuite, qui se fait par une fissure horizontale de 3 cm en bas de la cuve, au moyen d’un système d’obturation de fuites en marche (SOFM de type pansement chimique posé sur une bande de téflon. Celle-ci évite la dégradation du pansement par le produit). Une bâche est posée sur le pan du bâtiment à l’air libre. Au contact de l’air, le bichlorure de soufre dégage de l’acide chlorhydrique. Les pompiers procèdent à des mesures atmosphériques qui se révèlent négatives. Les riverains proches sentent une odeur et sont invités à rester chez eux. Par mesure de sécurité, la route départementale voisine est fermée à la circulation.

Les eaux d’abattage sont traitées dans la station d’épuration du site. Le POI est levé vers 23 h et l’activité du site reprend progressivement jusqu’au lendemain. Une société spécialisée vient vers 18 h pomper les produits restant en fond de cuve et ceux répandus dans la cuvette : 14,5 t de produits sont ainsi conditionnés en fûts puis acheminés vers un site de destruction agrée. La cuve est dépolluée. Les eaux des rideaux d’eau potentiellement acides sont orientées vers la station de traitement du site.

Le réservoir accidenté est un cylindre horizontal en acier de 38 m³ et dispose d’une rétention de 40 m³ qui a retenu le produit en fuite. Agé de 20 ans, il faisait l’objet d’un suivi régulier au titre des ESP (PSM : 2 bar, PE : 5 bar). Il n’était plus exploité depuis 8 mois et déconnecté de tout circuit (donc plus considéré comme ESP), mais toujours suivi au niveau des épaisseurs.

Deux hypothèses sont envisagées :

  • une faiblesse du matériau : quelques jours avant sa mise hors exploitation, une fuite s’était déjà produite dans la même zone au niveau de la soudure d’un fond bombé exposé au vent et intempéries ;
  • l’affaiblissement du matériau par une boue chimique livrée accidentellement dans la cuve par un fournisseur 5 ans avant. La cuve avait dû être dépolluée à ce moment là.