Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 1 h, un feu se déclare dans une entreprise de tri/transit de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) en cours de régularisation administrative. Un marinier qui navigue sur l’OISE aperçoit un panache de fumées et appelle les secours. Étendu sur 1 000 m², le feu concerne un stock à ciel ouvert de DEEE en attente de broyage situé en limite de propriété.

L’électricité est coupée sur les 4 usines de la zone d’intervention. La circulation de trains de transport de marchandise est interrompue pendant 2 h. Le trafic de trains de voyageurs perturbé. 13 personnes sont évacuées dont 5 employés d’une usine d’engrais voisine. Les 120 pompiers s’alimentent en eau par le poteau incendie du site et par pompage dans l’OISE. Des produits émulseurs sont utilisés en raison de la combustion de plastiques. Les secours protègent une machine hydraulique et 2 transformateurs. Vers 10 h, l’incendie est maîtrisé mais des difficultés sont rencontrées pour atteindre le cœur du foyer situé sous une couche de métal fondu. Les opérations se terminent le lendemain après-midi. Une ronde de surveillance est mise en place. La phase active de l’incendie dure plus de 12 h avec une consommation d’eau de 600 m³/h.

Conséquences

Les employés sont en chômage technique en raison de l’arrêt de l’activité pendant le diagnostic des impacts et conséquences de l’accident.

L’incendie est resté confiné aux zones de stockage de Gros Electroménagers hors froid (GEM HF) et Petits Appareils Ménagers (PAM), les blocs en béton constituant les alvéoles ayant joué leur rôle coupe-feu. Au total, 600 t de DEEE (dont 70 % de GEM HF, 20 % de PAM et 10 % de ferrailles) ont brûlé. Ces produits brûlés sont composés de 59 % d’acier, 27 % de plastiques, 11 % de métaux non ferreux et 3 % d’inertes. Les plastiques impliqués sont de type polypropylène, polystyrène et acrylonitrile butadiène styrène. Des analyses sont effectuées sur les déchets brûlés pour déterminer la présence éventuelle de produits de décomposition du plastique ou d’autres polluants. Ces déchets sont temporairement stockés sur une zone étanche avant évacuation pour recyclage des métaux et élimination des résidus.

Dès le début de l’incendie, l’exploitant ferme la vanne guillotine pour isoler le site par rapport à l’OISE. Cependant, la coupure de l’électricité du site par les pompiers lors de leur arrivée sur site, entraine l’arrêt des pompes de relevage. La rétention de 120 m³ est saturée et le surplus d’eaux d’extinction s’écoule vers la rivière en ruisselant au niveau du point bas du site non délimité par un muret. Une légère irisation est observée. Des prélèvements ne révèlent pas de teneurs en polluants supérieures aux normes de rejet. Une société spécialisée pompe les eaux d’extinction présentes sur site (en surface et dans le réseau de rétention, soit 425 m³). Le réseau est curé.

La dalle béton endommagée doit être refaite. De même, les blocs béton constituant les alvéoles de stockage sont détériorés et leur stabilité n’est plus assurée. Ils sont réparés.

Après contrôle de son bon état, le broyeur de DEEE est utilisé pour traiter les déchets présents sur site et non impactés par l’incendie.

Une étude sur l’impact global environnemental et sanitaire est réalisée.

Analyse des causes

Le site était fermé au moment du départ de feu. Le gardien avait effectué 2 rondes dans la soirée mais n’avait détecté aucun foyer d’incendie. Selon l’exploitant, sur la base de la vidéo-surveillance, le fait que le feu ait pris en limite de propriété, sur un stock qui n’avait pas bougé depuis 1 mois, pointe vers un possible acte de malveillance. Une autre hypothèse serait une mauvaise dépollution de certains DEEE (présence résiduelle de condensateurs, piles ?).

Retour d’expérience et mesures prises

L’exploitant :

  • met en place une butée de 80 cm pour garantir l’étanchéité de la zone par laquelle les eaux ont ruisselé vers la rivière (point bas)
  • rehausse de 60 cm la hauteur de l’alvéole touchée par l’incendie
  • installe 3 caméras infrarouges pour permettre une surveillance du site la nuit
  • prévoit de mettre en place un groupe électrogène pour permettre le fonctionnement des pompes de relevage même en cas de coupure électrique
  • réduit la quantité de déchets de type GEM HF réceptionnés sur site (400 t de moins chaque mois)
  • révise l’organisation des stockages pour qu’aucun stock ne dépasse la hauteur de blocs béton et que les stocks ne débordent pas de plus de 2 m par rapport à la limite des casiers. Pour mieux fractionner les stockages, il ajoute une nouvelle alvéole de 73 m² pouvant accueillir 300 m³ de déchets
  • décide de réaliser à l’avenir des campagnes de broyage plus fréquentes et plus petites pour réduire le temps de stockage sur site.