Pollution
Humain
Environnement
Economique

Déroulement de l’événement et intervention

Vers 17h10, dans une usine pyrotechnique, une déflagration suivie d’un incendie se produit dans un local de stockage de produits explosifs. Le local est une loge de 2 m² dédiée au stockage intermédiaire des en-cours et produits finis, produits au niveau d’un bâtiment de fabrication voisin. Le local fait partie d’un bâtiment de stockage regroupant 10 loges séparées par des parois béton.

Le POI est déclenché étant donné le risque de propagation des flammes aux autres loges. L’équipe de secours interne et les pompiers maîtrisent le sinistre. Une équipe pyrotechnique spécialisée de l’entreprise sécurise les bâtiments adjacents. L’intervention se termine à 18h15. La totalité des riverains est contactée en fin d’après-midi pour les rassurer. L’ensemble du dépôt est vidé de toute substance active.

Un arrêté préfectoral d’urgence suspend l’autorisation d’exploiter du dépôt. Une autorisation de reprise partielle de fabrication des produits courants est donnée 2 semaines après.

Conséquences

La loge siège de l’évènement est lourdement endommagée (portes, isolation des murs, chauffage, toit). La totalité des objets pyrotechniques et du matériel (étagères, radiateurs, sondes de température,…) qui se trouvaient dans la loge sont détruits. Les déchets de construction contenant de l’amiante (toitures en fibrociment, résidus de types étagères, radiateurs…) sont traités dans une filière spécialisée (quantité évaluée à 7,2 t). L’incendie a été limité aux abords immédiats de la loge. La loge directement attenante est détériorée (portes, toiture) mais les produits stockés ne sont pas impactés. Des projections d’éléments de toiture sont observées dans un cône d’effets de 20 m. Par contre, il n’y a pas eu de projection de résidus de matières pyrotechniques en quantité importante.

L’inspection constate que la structure du bâtiment de stockage, prévue d’être en béton armé, présente des dégradations qui révèlent un ferraillage insuffisant. L’exploitant envisage de raser le bâtiment avant de reconstruire un nouveau dépôt conforme à ce qui avait été prévu dans l’étude de dangers.

Analyse des causes

Contrairement à la plupart des autres loges du bâtiment, dédiées au stockage de produits à température ambiante, la loge impliquée dans l’accident était destinée à une opération d'”étuvage” (stockage à 35-40 °C). Les produits stockés dans la loge au moment de l’événement étaient :

  • des étoiles d’artifice
  • des pains de composition infrarouge

Les quantités de produits présentes dans la loge étaient conformes aux quantités autorisées par l’étude de sécurité. L’ampleur des dégâts observés et les distances de projection laissent supposer que seulement une partie de la matière active présente dans la loge a déflagré.

L’hypothèse la plus probable est l’auto-inflammation d’une nouvelle composition d’étoiles d’artifice en cours d’étude. Ces étoiles avaient été fabriquées et stockées dans la loge le jour de l’accident. Les autres produits présents dans la loge étaient stockés depuis plusieurs mois. Les étoiles d’artifice de composition classique avaient été caractérisées par des tests de sécurité, compatibilité chimique et vieillissement. Ce n’était pas le cas pour les compositions stockées réalisées selon la nouvelle formulation. Il s’est avéré qu’un des éléments de cette composition en cours d’étude était incompatible avec les autres composants de la formule chimique et notamment avec l’eau. Par le passé, des phénomènes d’incompatibilité ou instabilité en présence d’eau avaient déjà été observés sur ce site (ARIA 22843, 22504 et 42362).

Des essais montrent une augmentation rapide et brutale de la température de la nouvelle formule de composition après quelques heures passées à 35 °C. Les étoiles contenant de la composition sous forme comprimée se seraient ainsi initiées sous l’effet de la température régnant dans l’étuve et auraient propagé l’incendie aux autres étoiles stockées à proximité (au total, combustion vive de 30 kg d’étoiles) puis aux pains infrarouge. L’effet thermique de l’incendie, associé à l’auto-confinement dû au stockage des pains dans des boites fermées, ont conduit à l’explosion d’une partie des pains par un phénomène de transition combustion/déflagration. Les essais réalisés n’ont pas permis de reproduire le comportement déflagrant observé lors de l’accident.

Retour d’expérience

Suite à l’accident, l’exploitant :

  • rappelle à son personnel l’importance du respect des procédures lors de la mise au point de nouvelles formules de compositions pyrotechniques
  • renforce sa surveillance des produits stockés et en particulier de ceux stockés plus de 3 mois après fabrication
  • modifie les règles de stockage de produits (espacement minimum des conditionnements les uns par rapport aux autres et par rapport aux murs) pour éviter les phénomènes d’auto-confinement.