Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine de stockage et fabrication d’explosifs, un opérateur observe, vers 3 h lors de sa prise de poste, que l’alarme de débit s’est déclenchée au niveau de la pompe de circulation d’huile (PCH) de l’atelier de fabrication d’émulsion mère à base de nitrate d’ammonium. En pénétrant dans l’atelier, il constate que la pompe a lâché et que la cuve de phase grasse de 4 500 l est vide. Des fumées, dues aux projections de phase grasse sur les tuyauteries chaudes environnant la pompe, se dégagent dans l’atelier.

La fuite de phase grasse atteint le débourbeur/déshuileur général de l’atelier d’émulsion mère, puis la cuve de stockage située en aval de celui-ci. La cuve déborde et le trop plein (500 à 1 000 l) se déverse dans le réseau pluvial. A 17 h, la présence de phase grasse est constatée en surface du bassin d’orage situé en contrebas des installations de fabrication. La fermeture de la vanne du débourbeur/deshuileur situé derrière le bassin d’orage permet d’éviter l’atteinte du milieu extérieur.

Une entreprise spécialisée intervient le lendemain pour nettoyer la cuve de phase grasse, la cuve de stockage, le réseau pluvial et le bassin d’orage. Les déchets finaux du débourbeur/déshuileur sont envoyés vers un centre de traitement spécialisé. Le nettoyage des pollutions occasionnées se chiffre entre 35 000 et 40 000 euros.

Après une première analyse à chaud dès le lendemain de l’incident, une réunion d’expertise formalisée est organisée pour investiguer en profondeur les causes de l’incident.

La fuite massive a eu lieu par le joint sur l’axe de la pompe. Celle-ci, installée en 2001, a fonctionné pendant une durée cumulée de 5 000 h. Une visite de maintenance, effectuée quelques jours avant l’événement, n’avait conduit à la détection d’aucune anomalie. Il était impossible de réaliser un suivi de l’usure au niveau de la partie de la pompe incriminée. La fuite n’a donc pu être anticipée.

Avant redémarrage de la production, les actions suivantes sont menées :

  • réception d’une nouvelle pompe PCH et positionnement sur un bac de rétention équipé d’une sonde de niveau haut permettant d’arrêter la mise en service de la pompe
  • mise en place d’une sonde de niveau à flotteur sur la cuve de préparation de phase grasse, coupant le chauffage si cette cuve est vide
  • installation d’une vanne motorisée sur le bas de la cuve de préparation de phase grasse (fermeture automatique si la pompe est arrêtée et interdiction de mise en service si cette vanne est fermée)
  • mise en place d’une sonde de niveau haut avec alarme sur la cuve de stockage située après le débourbeur/déshuileur de l’atelier de fabrication
  • installation d’un système anti marche-à-sec sur le moteur de la pompe.

L’inspection des installations classées demande que les alarmes des différentes sécurités installées soient adressées à une centrale d’alarme avec renvoi via transmetteur téléphonique au personnel d’astreinte. A défaut, il doit y avoir une surveillance constante lors du fonctionnement des installations. Suite aux différentes modifications, l’inspection demande également à l’exploitant de s’assurer de la validité de l’analyse des risques contenue dans l’étude de dangers en vigueur.