Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une explosion se produit à 10h49 dans une usine spécialisée dans la chimie de fluoration, dans l’unité de fabrication de l’acide triflique (super acide, CF3SO3H). Le bruit est entendu sur plusieurs centaines de mètres à l’extérieur du site. Un employé de l’unité souffre de troubles auditifs passagers.

L’exploitant déclenche l’alerte gaz et le POI. Les installations sont mises en sécurité et le personnel de la plateforme chimique abritant le site est confiné. Des émissions localisées d’acide triflique (0,6 kg), de CFC (10 kg) et d’HCl (2 kg) se produisent pendant la mise en sécurité de 30 min au niveau du 2ème étage de l’installation d’oxydation thermique des effluents gazeux. En renfort, 20 pompiers du site établissent des rideaux d’eau pour abattre les vapeurs, puis effectuent des contrôles de toxicité dans l’air. Ces derniers se révélant négatifs, le POI est levé à 12h20. Les tuyauteries reliant les évents des équipements de production à l’oxydeur thermique sont endommagées et sont à l’origine des fuites de produits. L’exploitant envoie un communiqué de presse et informe la commune.

L’enquête montre qu’une fabrication par batch basée sur l’oxydation du triflinate de potassium (TFSK, intermédiaire de synthèse de l’acide triflique) en réacteur approche de sa 10ème heure sur 14 quand l’explosion se produit. Ce procédé entraîne d’abord l’envoi de dichlorométhane gazeux (DCM) depuis les évents du réacteur vers le réseau de traitement des effluents gazeux relié à l’oxydeur thermique. 10 h après, les évents dégagent une grande quantité d’oxygène dans le même réseau alors que le DCM (inflammable) n’est théoriquement plus présent dans celui-ci.

Le jour de l’accident en début de batch, le DCM s’est condensé partiellement dans le réseau de traitement avant l’oxydeur. Puis il s’est accumulé par gravité en point bas de la tuyauterie du réseau car celui-ci n’est plus traversé par un flux gazeux suite à l’arrêt de l’oxydeur. 10 h après, le batch arrive à une étape de neutralisation du contenu du réacteur par de l’eau oxygénée (H2O2). Cette étape dégage un flux important d’oxygène dans le réseau, mais son débit reste faible car les autres fabrications reliées au réseau sont à l’arrêt. Ce flux s’enrichit alors en DCM au contact du liquide accumulé. Quand il arrive au niveau de l’oxydeur, le flux gazeux est riche en oxygène comburant (> 20 %) et dépasse la limite inférieure d’explosivité du DCM combustible (13 %). Il s’enflamme brutalement au contact de la flamme du four. Le front de flamme se propage dans la tuyauterie du réseau qui l’accélère, jusqu’à la garde hydraulique du réacteur. Elle passe ainsi en régime de détonation/déflagration et endommage la tuyauterie (DN 16).

L’exploitant condamne d’abord le basculement des évents du réacteur vers le réseau de traitement par oxydation thermique pour éliminer tout risque de rejet d’oxygène dans ce réseau. Les rejets gazeux du réacteur sont traités par le réseau d’assainissement général de l’unité, basé sur la neutralisation en phase liquide. Dans un 2ème temps, le procédé est modifié pour que l’envoi du DCM gazeux vers l’oxydeur soit possible en début de batch. Mais ensuite, en particulier lors de la phase d’oxydation du TFSK, les rejets gazeux seront obligatoirement orientés vers le réseau d’assainissement général de l’unité. De plus le ciel gazeux du réservoir sera balayé à l’azote.