Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine chimique, le bilan des rejets journaliers de la station de traitement des effluents fait apparaître un rejet accidentel de polluants organiques lourds équivalent à 337 kg de dinitrotoluène (DNT) et 170 kg de mononitrotoluène (MNT) dans un cours d’eau sur les dernières 48 h.

L’exploitant identifie,2 jours avant, une source de pollution organique d’un décanteur des effluents peu pollués rejetés par un atelier de fabrication situé en amont : une fuite sur le bol de la garde hydraulique d’une centrifugeuse de l’atelier. Un joint endommagé est remplacé, mais la fuite se poursuit. Le bol lui-même est remplacé. Vers 15h30 la veille de la détection du rejet, le contenu du décanteur, trop chargé en polluants organiques, est envoyé par batch à l’unité de traitement des effluents pollués par un procédé d’oxydation.

La fuite étant chronique, le décanteur a accumulé à l’insu de l’exploitant plus de 400 kg de polluants organiques lourds (densité 1 200 kg/m³). L’unité de traitement, sous-dimensionnée pour une telle concentration, n’arrive pas à traiter l’ensemble des polluants qui s’accumulent batch après batch dans le bassin tampon en aval.

Le capteur de COT du bassin tampon détecte des pics anormaux de concentration à chaque vidange d’un batch traité par l’unité de traitement. La vidange remet provisoirement en suspension les polluants organiques qui retombent ensuite au fond. Ces pics dépassent régulièrement le seuil d’alarme (250 ppm) programmé en salle de contrôle. Suite à une détection à 930 ppm, le chef de poste de l’équipe de quart vérifie vers 17h30 le bon fonctionnement du capteur et effectue des analyses d’échantillon de surface du bassin qui se révèlent négatives (COT inférieur à 85 ppm). Pensant que la situation est normale, les opérateurs de conduite continuent d’orienter directement les effluents du bassin tampon vers la station de traitement.

De son côté, le capteur de COT de la station, hors service, ne détecte pas les concentrations anormales des effluents avant rejet dans le milieu. En effet, son échantillonneur est saturé de matière en suspension (MES) présentes dans les effluents rejetés quelques heures avant par une unité voisine. La salle de contrôle n’est pas informée de ce problème par le service de maintenance. De plus, aucune alarme n’existe sur l’échantillonneur du capteur pour lui signaler le problème. Le rejet des effluents hautement concentrés en polluants organiques lourds continue jusqu’au lendemain où un bilan des rejets moyens sur 24 h de la station permet de détecter la situation.

L’exploitant fait expertiser le bol défaillant de la centrifugeuse et envoie au brûlage les effluents restant dans le bassin tampon. Il met en place les mesures correctives suivantes :

  • Analyse des concentrations des gardes hydrauliques des centrifugeuses après chaque changement de bol
  • En cas d’intervention sur les centrifugeuses, envoi du contenu du décanteur des effluents peu pollués au brûlage et non au traitement par oxydation
  • Mise en place d’une alarme de concentration en COT dans l’unité de traitement et d’une consigne de vérification de cette concentration avant vidange d’un batch dans le bassin tampon
  • Renforcement de l’alarme COT du bassin tampon en salle de contrôle (alarme sonore et pop-up à l’écran), en cas de détection anormale consigne de détourner les effluents du bassin vers le brûlage
  • Mise en place d’une alarme de débit bas sur l’échantillonneur du capteur de COT de la station de traitement, ainsi qu’une détection d’échantillon.