Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une production par batch de PVC surchloré est en cours dans une usine de chlorochimie. Vers 9h45, la vanne de régulation du compresseur d’alimentation en gaz du lit fluidisé du réacteur de photochloration (par UV) tombe en panne. Le débit de gaz (Cl2, HCl, N2) diminue et la pression du réacteur chute. Le PVC en cours de surchloration tombe au fond. Les sécurités automatisées de l’unité s’activent : coupure de l’injection en Cl2, injection d’azote et envoi des gaz vers la colonne de sécurité. La vanne du compresseur devant être changée, le contenu du réacteur est vidangé à 11h15 vers le dégazeur. A 11h18, des opérateurs marchant à proximité du bâtiment aperçoivent des fumées blanchâtres révélatrices de rejets chlorés. Simultanément les détecteurs de Cl2 proches des réacteurs s’activent. Un opérateur, équipé d’une protection respiratoire isolante, pénètre dans le bâtiment. Il identifie la fuite sur une des gaines en Pyrex. Ces gaines permettent le passage des tubes UV à travers les parois du réacteur et sont refroidies à l’eau. La quantité de Cl2 émis est estimée à 20 kg avec un débit de fuite de 0,15 kg/s. L’exploitant active le POI à 11h20 et alerte les entreprises voisines par téléphone. Le personnel du site et de 2 sites voisins sous le vent est confiné. Les pompiers de la plateforme chimique établissent des rideaux d’eaux pour abattre les vapeurs autour du bâtiment. Ils effectuent des mesures de toxicité dans l’air qui se révèlent négatives. Le personnel municipal s’inquiète d’entendre une sirène et appelle le site pour s’informer. Par précaution, le personnel municipal est confiné, ainsi que 6 écoles voisines du site. La mairie appelle le site vers 11h30 pour plus d’informations. Le confinement du personnel et des écoles est levé au bout de 45 min. L’exploitant envoie un communiqué de presse.

La fuite provient d’une rupture d’une gaine (DN 20) en partie supérieure du réacteur. L’arrêt de l’injection Cl2 et l’injection N2 préalable à la rupture ont permis de limiter le dégagement de gaz résiduel. La gaine était vide, sans tube UV ni circulation d’eau de refroidissement. Elle ne comportait pas de bouchon à ses extrémités externes aux parois du réacteur. Ce bouchon aurait permis de réduire le débit de fuite. Le gaz résiduel présent dans le réacteur, remis à une pression positive par l’injection d’azote, s’est infiltré dans la gaine par la fissure. Il s’est ensuite dégagé à l’atmosphère par les extrémités non bouchées de la gaine. La gaine fissurée et 2 gaines appartenant à la même nappe de 8 gaines sont remplacées. Le scénario de rupture de gaine est prévu dans l’étude de dangers avec une fréquence de 1/10 ans, mais pas pour des gaines vides et sans bouchons. Des ruptures similaires sont déjà survenues, mais sur des gaines sous eau de refroidissement. Ces gaines sont aussi victimes de fissures, mais souvent sans conséquences puisque l’eau de refroidissement qui circule dedans neutralise le Cl2 et l’HCl. Une étude des causes de fissuration est engagée avec le fournisseur. Les gaines sans tubes UV sont systématiquement équipées de bouchons avant le redémarrage de l’unité. La vanne de régulation du compresseur est remplacée.