A 18h58, après le redémarrage de la production, une explosion suivie d’un incendie se produit dans une tour de séchage d’une usine agroalimentaire située dans l’enceinte d’une plateforme chimique. Le POI de la plateforme est déclenché. Un périmètre de sécurité de 50 m est établi. Les secours sont alertés. Le réseau sprinkler se déclenche et les pompiers internes éteignent l’incendie avant l’arrivée des secours. Ces derniers vérifient l’absence de points chauds. Le produit concerné étant un fongicide (avec 80 % de soufre), les pompiers effectuent des mesures de SO2, SO3 et SOx qui s’avèrent inférieures aux seuils de détection. Le POI est levé vers 22h40. L’exploitant diffuse un communiqué de presse.

La production de l’unité est arrêtée pendant 2 mois, 20 employés sont en chômage technique. L’ouverture des évents d’explosion a limité les dommages. Quelques morceaux de tuiles et de tôles ondulées en fibrociment ont été projetés. La chambre d’atomisation, le lit statique, le vibrofluidiseur ainsi que la gaine d’extraction d’air ont été impactés. Les dégâts matériels s’élèvent 0,35 M€ et les pertes d’exploitations à 0,75 M€.

L’analyse des paramètres du process montre que l’explosion s’est produite dans la chambre d’atomisation (brusque surpression dans la chambre, puis rapide augmentation de température en sortie). Cette explosion serait due à un problème de pulvérisation entraînant une augmentation de température et favorisant la formation de braises incandescentes qui se seraient enflammées au contact des fines particulièrement sensibles. Cette étude montre en effet une divergence entre les données d’explosivité de la poudre transmises par le client et celles mesurées par l’exploitant sur la poudre fine fabriquée sur la tour de séchage incriminée. La granulométrie, l’EMI (Energie Minimale d’Inflammation) et les caractéristiques d’explosion révèlent une poudre de classe ST3 contre ST1 annoncée par le client. L’exploitant prend les mesures suivantes :

• Arrêt de la production du produit compte tenu de sa classe d’explosivité non compatible avec les moyens de protection de la tour de séchage prévus pour des poudres de classe ST1
• Mise en place d’une gaine d’extraction d’air offrant une meilleure résistance aux sollicitations mécaniques (forme ronde contre forme carrée précédemment)
• Mise en place de disque de rupture sur cette gaine
• Les fines continuant à être recyclées en tête d’atomiseur même en cas d’arrêt d’alimentation en liquide de la tour, l’arrêt du recyclage des fines est donc asservi à l’arrêt de l’alimentation en liquide de la tour.
• Formations internes prévues pour le personnel rappelant les risques liés à l’activité de l’entreprise, les instructions de conduite des installations et des procédures de sécurité. Un recyclage concernant la formation aux risques d’incendie est également prévu.