Pollution
Humain
Environnement
Economique

Des riverains de la ville de Charleston alertent vers 8h15 l’agence locale de l’environnement pour des odeurs chimiques de type menthe/réglisse plus fortes qu’à l’accoutumée. Vers 11 h, des inspecteurs, grâce à l’odeur, remontent vers le site d’une société de distribution de produits chimiques en gros. Ils interrogent le directeur. Celui-ci affirme ne pas connaître l’origine de la nuisance jusqu’à ce qu’un employé le prenne à part pour l’informer d’une fuite sur un bac de stockage contenant 110 m³ d’un mélange à 88 % de 4-methylcyclohexane méthanol et 8 % d’éther de glycol (produits chimiques utilisés pour nettoyer le charbon avant son utilisation en cokerie). Sur place, les inspecteurs découvrent un écoulement de liquide transparent s’échappant de plusieurs trous en pied de robe du bac, s’écoulant sur le sol de la cuvette de rétention, s’infiltrant à la jointure entre le mur et le sol de la cuvette avant de s’écouler vers la rivière en contre-bas. Des employés déversent en urgence un sac de produit absorbant pendant que les inspecteurs finissent de convaincre le directeur de signaler officiellement la fuite.

28 m³ de produits se déversent dans la rivière ELK en contrebas. La pollution est repérée avec retard, car la surface de l’eau est gelée. La station de traitement d’eau potable située 1,6 km en aval est avertie par les autorités mais son exploitant estime que les filtres à charbon actifs arrêterons les polluants. Vers 16 h les filtres sont saturés et les produits chimiques se retrouvent dans l’eau potable distribuée. L’exploitant recherche les informations toxicologiques sur les polluants avant de déclarer l’eau non potable à 17h45.

Les autorités obligent l’exploitant à vidanger les 17 bacs de stockage en raison des rétentions défaillantes. Le site est mis sous séquestre judiciaire au bout de 4 jours.

Dans 9 comtés, 300 000 usagers sont privés d’eau courante pendant 4 à 10 jours, des distributions d’eau en bouteille sont organisées par les autorités. Les écoles, hôtels et restaurants de la région doivent fermer pour un préjudice estimé à 61 MUSD. Le retard pris dans l’information des usagers provoque 1 862 appels téléphoniques pour des symptômes d’intoxication ; 411 d’entre eux aboutiront à des consultations médicales pour nausées et irritations cutanées, et 20 personnes seront hospitalisées. Les réseaux sociaux critiquent la gestion de l’information par les autorités (retard, toxicité réelle du produit, choix du seuil de contamination pour considérer l’eau comme potable…).

62 poursuites judiciaires sont lancées contre l’exploitant qui se met en faillite. Plusieurs mois après l’accident, le site est en attente de démolition et des traces de methylcyclohexane méthanol ( > 1 ppm) sont encore détectées dans l’eau courante de certaines habitations de la zone touchée.

Le bac de stockage n’était soumis à aucun contrôle administratif fédéral ou local, car le mélange qu’il contenait n’était pas classé comme dangereux et le site ne procédait à aucune activité de fabrication.

La cuvette de rétention en brique et en béton présentait de nombreux trous et fissures, comme les autres cuvettes de rétention du site pour lesquelles la société faisait des provisions financières en vue de réparations programmées. Le bac était âgé de plus de 50 ans et avait précédemment été utilisé pour stocker du carburant et des eaux de pompage de mines de charbon. L’exploitant n’avait pas de plan de secours en cas de fuite de produits chimiques bien que la réglementation l’impose. La presse fait échos de pressions subies par l’agence locale de l’environnement pour modérer le contrôle et les sanctions réglementaires sur les sites liés à l’industrie d’extraction et de traitement du charbon, dominante dans l’état de Virginie Occidentale. L’hypothèse de l’exploitant est que l’éclatement d’une canalisation d’eau sous la fondation du bac, pendant l’épisode de froid extrême, aurait fait remonter en surface un objet coupant qui aurait percé la robe.