Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une explosion se produit vers 15 h au niveau d’une vanne motorisée dans une raffinerie. Deux sous-traitants décèdent. L’établissement est évacué et la production stoppée. L’exploitant diffuse un communiqué de presse.

Les 2 sous-traitants étaient en train de réinjecter de la résine dans une boite de colmatage installée 2 ans et 6 mois auparavant sur une bride fuyarde, au moment où les tiges de fixation se sont rompues. La libération des eaux de chaudière (P 70 bar, T° 290°C) a conduit à une explosion de vapeur.

L’analyse métallurgique des tiges montre que 14 des 20 tiges étaient attaquées par de la corrosion sous contrainte caustique. Elles se sont rompues à l’interface de la zone écrou-bride (zone où les contraintes mécaniques sont maximales).

L’examen des causes profondes de l’accident fait apparaître que :

  • la vanne présente une erreur de conception ou de construction : le diamètre de la gorge du joint dans la coiffe est trop petit. Cette erreur entraîne un non-parallélisme au niveau de la bride. Afin d’assurer le parallélisme, il faut induire des contraintes mécaniques supplémentaires dans les tiges ;
  • depuis 2009, des fluctuations dans la qualité des eaux de chaudière ont conduit à des fuites et à l’installation de boîtes d’étanchéité ;
  • la boite équipant la vanne, installée en 2011, ayant explosée, est mise hors service pendant 6 semaines en 2012. Pendant sa période d’arrêt, elle est maintenue sous pression mais à basse température. Dans cet état, de l’eau de chaudière parvient au niveau de la connexion bride-boîte d’étanchéité et forme un milieu corrosif ;
  • les contraintes mécaniques supplémentaires, produites durant les travaux de réinjection, sont suffisantes pour causer la rupture de tiges corrodées ;
  • la boîte d’étanchéité n’était pas conçue pour reprendre la force axiale supplémentaire résultant de la rupture des tiges (dispositif “strongback”).

A la suite de l’événement, l’exploitant regarde l’état des autres boites de colmatage présentes sur son site. Il ne détecte rien d’anormal au niveau des 200 autres tiges (absence de corrosion généralisée ou sous contrainte). Ces autres tiges n’avaient pas été soumis à des basses températures.

Plusieurs enseignements sont tirés par l’industriel :

  • l’inspection visuelle ne fournit pas de certitude suffisante quant à l’état des tiges ;
  • la corrosion sous tension (contraintes de traction élevées + milieux corrosif) peut se développer très rapidement;
  • en cas de réinjection de résine dans la boite de colmatage, l’état des boulons doit être évalué ;
  • les traces de dépôts blancs sur les tiges des brides doivent faire l’objet d’un examen minutieux ;
  • un inventaire et un historique des opérations réalisées sur les différentes boites de colmatage méritent d’être rédigés ;

Enfin, les boîtes d’étanchéité doivent être considérées comme une réparation temporaire et non définitive.