Dans le séparateur de gaz nitreux de l’unité acide nitrique d’une usine d’engrais azotés classée Seveso, le niveau d’acide augmente à 9h52 à la suite d’un débit insuffisant de la pompe de soutirage. À 9h53, l’alarme de conduite de niveau haut (80 % de remplissage du séparateur) se déclenche en salle de contrôle, le personnel de quart ne parvient pas à démarrer la 2ème pompe de soutirage de secours pour réguler le niveau. À 10 h, des bruits anormaux sur le train de compression conduisent les opérateurs à déclencher manuellement la mise en sécurité de l’unité, bien que le dispositif de sécurité de niveau très haut du séparateur ne se soit pas déclenché. Ce retard dans la mise en sécurité a provoqué le passage d’acide nitrique en solution dans le compresseur, entraînant le rejet de 300 kg d’oxydes d’azote (NOx, gaz irritants à forte concentration) à l’atmosphère formant un nuage roux ; 3 employés d’une société voisine ont le visage irrité, les employés du site s’étant réfugié dans un local confiné. Un examen médical confirme des lésions superficielles par brûlures chimiques, ce qui semble prouver l’entraînement d’acide nitrique dans les rejets de NOx, ainsi que dans la tuyauterie reliant le séparateur au compresseur.

Le détecteur de niveau très haut du dispositif de sécurité était inopérant à la suite d’un défaut électrique. La 2ème pompe de soutirage n’a pas démarré à la suite d’un dysfonctionnement sur l’automate de conduite. La dernière révision de ces 2 équipements remontait à un an (avril 2012). L’étude des enregistrements du procédé durant l’accident révèle que le détecteur de niveau analogique du séparateur n’avait jamais mesuré plus de 79 % de remplissage, alors que la présence d’acide nitrique dans la tuyauterie et les rejets atteste d’un taux de remplissage supérieur à 100 %. Ce détecteur de niveau, utilisé pour réguler le débit de la pompe de soutirage, n’avait pas été révisé depuis 16 mois. L’exploitant justifie l’absence de contrôle périodique de cet équipement par le fait que son utilisation pour la conduite du procédé permettrait de détecter rapidement des dysfonctionnements ou des dérives. L’exploitant améliore sa procédure d’alerte des entreprises voisines en cas d’incident ou d’accident dans ses installations.