Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine de chimie organique, le toit d’un bac de stockage de cyclododécane (CDA, C12H24, point de fusion 60 °C) s’ouvre partiellement à la suite d’un incident technique. Les opérateurs de quart mettent l’unité en sécurité, un chauffeur de poids lourds à proximité est hospitalisé à la suite du choc émotionnel subi. L’analyse de l’accident montre que l’envoi de la production de CDA dans le bac a généré par désorption la présence d’hydrogène dans la phase gazeuse du bac, mais le positionnement de l’inertage à l’azote sur la ligne d’équilibrage ne permet pas de balayer son ciel gazeux et d’éliminer les traces d’H2 présentes. Lors des chargements de citernes, le système d’injection d’azote ne permet pas de compenser suffisamment (bouchage partiel probable) la baisse de niveau dans le bac et la pression interne chute, de plus le dysfonctionnement de la sécurité de pression basse (bouchage probable du capteur) ne stoppe pas le chargement : la soupape de dépression s’ouvre pour laisser entrer de l’air dans le ciel gazeux. La limite d’explosivité de l’H2 dans le ciel gazeux étant atteinte le jour de l’accident, l’H2 s’enflamme et provoque une surpression suffisante (800 mbar) pour ouvrir du toit du bac. La cause principale de cet accident est un défaut de maîtrise des modifications : l’injection azote avait été modifiée peu avant, sans prendre suffisamment en compte la présence d’hydrogène dans le ciel du bac et son risque d’auto-inflammation. Les risques de bouchage des équipements de sécurité du bac (capteurs, injection d’azote) par le produit se cristallisant en période de froid hivernale (-1 à + 9 °C), malgré le système de réchauffage, avaient aussi été sous-estimés.

Les principales actions correctives menées par l’exploitant sont les suivantes :

  • Le dossier de sécurité du procédé est remis à jour (étude HAZOP : étude de la solubilité du H2 dans le CDA et cinétique de son dégazage) ;
  • Le système d’injection d’azote est redimensionné et fiabilisé : séparation des lignes d’injection et de décharge, lignes de balayage par bac, lignes d’inertage par bac indépendantes, contrôle instrumenté et sécurisé des injections ;
  • Le diamètre des lignes d’évents est modifié et leur système de réchauffage est fiabilisé pour éviter les bouchages ;
  • Les prises de mesure des capteurs de pressions et de niveaux sont fiabilisées pour éviter les risques de bouchage (double enveloppe de maintien en température des prises d’impulsion) ;
  • A moyen terme, il est prévu que les procédés de dégazage H2 et de stockage / chargement soient séparés.