Dans une installation municipale de chloration des eaux, 8 kg de chlore (Cl2) s’échappent à partir de 8 h d’une bouteille de 50 l. Un employé détecte la fuite (alarme + observation visuelle) et donne l’alerte sans tenter d’intervenir.
La fuite dans la cours de l’usine engendre un nuage de Cl2 gazeux de plusieurs dizaines de mètres, atteignant la rue voisine desservant un collège et une piscine municipale. Les secours établissent un périmètre de sécurité de 50 m ; les riverains se confinent, la circulation est interrompue plusieurs heures. Des pompiers en combinaisons étanches ferment le robinet et stoppent la fuite vers 10h30. Les secours assistent 8 personnes (2 employés, 6 riverains) incommodées par le gaz toxique. La municipalité publie un communiqué de presse.
Branchée la veille, la bouteille fuyarde est en attente, vanne ouverte mais sans débit, l’alimentation en Cl2 étant assurée par la 2ème bouteille de la paire.
Le dispositif de raccord de l’installation de traitement des eaux s’est désolidarisé. Les bouteilles de 49 kg de Cl2 sont reliées par paire via un “col de cygne” à un dispositif de régulation ou chloromètre ; les 2 bouteilles se suppléent dés que l’une d’elles est vide, 3 autres étant stockées en réserve. Ces bouteilles sont des équipements sous pression (ESPT), le chloromètre et la tuyauterie de liaison aval vers le circuit d’eau fonctionnent en dépression, le col de cygne est sous pression mais ne relève pas de la réglementation des équipements sous pression. Quand il ne débite pas, le chloromètre fait office de vanne d’obturation du circuit d’échappement de Cl2.
Un tiers expert sollicité par l’exploitant retient une faiblesse du dispositif de raccord. Un test de connexion confirme un risque important de mauvais positionnement du raccord femelle lors de sa mise en place sur l’about mâle robinet. Point faible du montage, le col de cygne induit en effet des efforts de cisaillement au niveau des joints en plomb et le chloromètre est en porte-à-faux. Pour une raison indéterminée, résultant sans doute des efforts générés par le montage, la liaison entre le col de cygne et le choromètre a cédé au niveau du joint. Cette jonction de type “baïonnette” est démontée et le joint changé à chaque remplacement de bouteille entre celle-ci et le col de cygne. Par contre, le joint col de cygne / chloromètre n’est pas remplacé, tous 2 restants à demeure.
Le fournisseur retire la bouteille pour anticiper son contrôle périodique et explique la désolidarisation du raccord par une faiblesse de la partie femelle présentant une pollution à la graisse et au “beurre de chlore” (dépôts de Cl2 résiduels) limitant le libre mouvement des barrettes de maintien. La manipulation de la douille révèle un grippage de l’ensemble douille / barrettes bloquant le rappel du ressort et donc le positionnement des barrettes en position basse. La déconnexion accidentelle du raccord rapide résulte d’un mauvais montage du système lors de sa connexion en raison d’un manque d’entretien du raccord femelle en service depuis 1 an.
Ce type de montage n’est pas conforme à l’arrêté ministériel du 17/12/2008 (rubrique 1138). L’inspection des IC recommande une évaluation du niveau de sécurité de ce montage. Les 2 raccords femelles sont remplacés. L’exploitant révise des procédures internes et envisage de changer de fournisseur.
