Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans un centre de recherches nucléaires en démantèlement, des cuves ayant stocké des solutions de haute activité en attente de vitrification sont rincées avec des solutions de carbonate de sodium (Na2CO3). Les effluents de rinçage sont ensuite acidifiés avec de l’acide nitrique (HNO3) concentré avant d’être vitrifiés. Exothermique, totale et rapide, la réaction chimique correspondante génère du dioxyde de carbone gazeux (CO2). Lors de l’acidification d’un batch, une émission brutale de CO2 éjecte 900 l de solution hors de la cuve. Les effluents rejoignent une autre cuve par le réseau de trop-plein mais 60 l contaminent un local au-dessus de la cuve via le puits de corrosion. L’installation est fortement contaminée, mais aucune conséquence notable n’est relevée pour les travailleurs ou l’environnement. L’acidification des solutions carbonatées est interrompue.

L’accident résulte de l’accumulation incontrôlée et non détectée de 2 réactifs. La différence de densité des 2 réactifs (solution carbonatée et acide nitrique concentré) et de la solution de réaction qui s’est interposée entre les 2, l’agitation insuffisante et l’injection de la solution de carbonate par le haut ont entraîné une stratification des produits. Lorsque les 2 réactifs sont entrés en contact, la quantité de CO2 produite a dépassé la capacité d’évacuation du réseau de ventilation de la cuve qui a débordé. L’exploitant n’avait pas identifié ce risque dans son analyse de risques préalable. Le dispositif d’agitation (pulseur), conçu pour chasser les dépôts en fond de cuve et éviter leur accumulation, ne permettait pas un brassage efficace des 2 solutions, notamment lorsque celles-ci présentent un écart significatif de densité. Le puits de corrosion, non fermé de manière étanche, constitue un défaut de la 1ère barrière de confinement statique et n’avait pas été identifié en tant que tel par l’exploitant dans son dossier de sûreté. Cette cuve était la seule parmi les 4 cuves, à être dotée d’un tel dispositif. Ce puits, non décrit dans le rapport de sûreté de l’unité, ne figurait pas sur le schéma de principe de la cuve.

L’événement rappelle l’importance des vérifications de l’état des équipements avant de commencer les opérations pour pallier d’éventuels défauts de traçabilité, en particulier dans des installations anciennes. L’analyse montre aussi l’insuffisance du suivi du bon déroulement de la réaction d’acidification qui est liée à l’insuffisance de l’analyse des risques réalisée en préalable à l’opération. L’accident est classé au niveau 1 de l’échelle INES.