Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un feu se déclare vers 3h30 sur un tas de 500 m³ de déchets de bois (auto échauffement ?) dans un centre de tri et de transit de déchets industriels banals (DIB). Les flammes se propagent rapidement aux autres tas de 10 m de haut composés de 6 000 m³ de déchets plastiques broyés. D’importantes fumées perturbent la visibilité autour du site. Les services de secours, intervenant avec 4 engins et une centaine d’hommes, arrosent les tas avec 5 lances à eau après leur dégagement par l’exploitant au moyen de 2 tractopelles et contrôle par caméras thermiques. Le volume de déchets impliqués étant très important, ces opérations sont prévues sur 8 à 10 j et des moyens de dégagement supplémentaires sont acheminés par l’exploitant (1 engin de TP grande hauteur pour atteindre le haut des tas et 1 engin avec large godet). L’incendie est maîtrisé au bout de 72 h mais les dégagements de fumées persistent. La préfecture décide de mettre en place un réseau de mesures atmosphériques à l’aide d’une CMIC et un arrêté limite la vitesse sur les routes voisines pendant 10 jours avec une signalisation indiquant le risque lié aux fumées. Aux alentours du site, les travailleurs de la zone d’activité se plaignent d’odeurs nauséabondes ; les mesures de toxicité se révèlent négatives, mais la préfecture publie un communiqué de presse pour demander aux personnes sensibles de réduire leurs activités physiques.

Le 02/01, le brouillard, sans doute aggravé par les fumées de l’incendie, provoque un carambolage impliquant 24 voitures et 4 poids lourds sur la RN située à 1 500 m au nord-ouest du site. Le plan NOVI (NOmbreuses VIctimes) est déclenché, les secours évacuent 3 blessés légers vers l’hôpital et 41 personnes vers un gymnase, et la circulation reste coupée pendant plus de 6 h. Le 03/01, les pompiers mettent en place un tapis de mousse sur les déchets pour atténuer les fumées et poursuivent les opérations d’extinction. Le vent change de sens les jours suivants, nécessitant le balisage d’une ligne 20 000 V par les services de l’électricité. Le tas de déchets en feu se réduit à 1 200 m³ puis est déclaré éteint 11 jours après. Le site n’était que partiellement sur rétention : les eaux d’extinction collectées débordent du bassin (elles seront pompées et traitées dans une filière dédiée) et celles non collectées menacent la nappe phréatique : un suivi post-accidentel est imposé le 07/01 avec analyses dans le sol, les eaux souterraines et superficielles, les végétaux et les fumées. L’ARS demande au gestionnaire d’un captage AEP proche de rajouter des paramètres à analyser dans sa surveillance : CN, HCT, dérivés chlorés, indice phénol…

L’exploitant évalue ses pertes entre 250 et 300 K euros. En raison des fortes pluies dans la période précédent l’accident, la presse évoque l’hypothèse d’une origine criminelle ; l’exploitant porte plainte et la gendarmerie effectue une enquête.

Respectivement 48 et 24 h avant l’accident, des fumerolles avaient été détectées sur des stocks de DIB de bois, cartons et plastiques ; la mobilisation des moyens de l’exploitant a permis d’enrayer les départs de feu et la surveillance de nuit avait été renforcée.

Le site a subi un incendie similaire 1 an plus tôt ; l’inspection des IC avait alors constaté le dépassement de 6 fois la quantité maximale de déchets stockés autorisée, ainsi que l’insuffisance des moyens de lutte contre l’incendie. L’inspection constate à nouveau un volume de DIB stocké 4 fois supérieur à celui autorisé (2 800 m³ au lieu de 700), l’absence d’îlots et de distance d’isolement entre les tas de déchets, un débit des poteaux incendie inférieur à celui demandé par l’administration, la présence de déchets non autorisés (pneus, fûts, DEEE, déchets verts) et l’absence de murs coupe-feu et de RIA dans le bâtiment d’exploitation. L’administration suspend l’activité du site dont la reprise sera subordonnée au dépôt d’une nouvelle demande d’autorisation. L’analyse de l’impact environnemental et sanitaire du sinistre a démontré l’absence d’impact sur l’environnement.

L’exploitant prévoit de renforcer la surveillance du site (fréquence des rondes, système de télésurveillance), améliorer les moyens de lutte contre l’incendie et revoir l’organisation des stockages (séparation des déchets par catégorie).