Pollution
Humain
Environnement
Economique

Une conduite se rompt à 3h40 en toiture de l’unité de production de mélanges de caoutchouc d’une usine de pneumatiques ; 5 t de noir de carbone rejetées dans l’atmosphère salissent les toits des bâtiment du site, mais aussi une centaine d’habitations, des bâtiments publics, des véhicules, les jardins, les prés environnants et des animaux en pâture.

Stocké en vrac dans des silos, le noir de carbone est transféré par voie pneumatique vers 7 trémies de pesage en amont des installations de mélange via des conduites en PEHD (Polyéthylène Haute Densité) de 18 mm d’épaisseur, en service depuis 7 ans et dans lesquelles il est poussé par paquets par de l’air comprimé. Alertée d’une interruption de l’arrivée de produit par l’automate de production commandant l’approvisionnement, l’équipe de nuit constate une fuite consécutive à une déchirure longitudinale de 15 à 20 cm sur l’une des conduites. Des projections de noir de carbone sur la paroi ont érodé cette tuyauterie courbée à ce niveau. L’épaisseur de polyéthylène au droit de la déchirure n’est plus que de quelques mm.

Sans autre moyen pour réaliser un contrôle d’épaisseur non destructif, l’exploitant démonte 2 tronçons de la conduite à la demande de l’inspection des installations classées. Le 1er prélevé en aval immédiat de la fuite montre des traces d’usure avec une érosion comprise entre 3 et 9 mm. Le 2nd dont l’usure est moindre, est un coude de liaison avec l’une des trémies de pesage la plus utilisée. L’exploitant remplace la section endommagée. Une douzaine d’employés nettoie les lieux par aspiration ou avec des pelles. Les terrasses sont humidifiées pour fixer la matière et les eaux collectées sont déversées dans l’un des 2 bassins évènementiels du site. Un communiqué de presse est diffusé et 2 entreprises extérieures nettoient les bâtiments atteints. Les particuliers impactés se regroupent en collectif.

L’érosion se produit principalement dans les courbes, le tronçon concerné étant le plus détérioré, mais l’épaisseur résiduelle relevée sur les portions démontées permet d’écarter une nouvelle rupture à court terme. Néanmoins, l’IIC demande à l’exploitant un contrôle complet de son réseau de transport sous 15 jours et, dans l’intervalle, un suivi rapproché de l’installation : contrôle visuel fréquent, alarmes techniques, arrêt automatique des installations. Par ailleurs, l’exploitant doit traiter les désordres constatés dans l’environnement proche de son établissement. Un arrêté de mesures d’urgence est pris le 20/11. L’exploitant communique 3 jours plus tard à l’IIC et à l’ARS la composition du noir de carbone qui contient des impuretés selon la fiche technique du fournisseur. Au vu des éléments reçus, l’IIC propose un projet d’arrêté de prescriptions complémentaires imposant la mise en place de procédures et d’instructions pour assurer la maîtrise des procédés et l’exploitation des installations de noir de carbone dans des conditions de sécurité optimales, un plan de surveillance des équipements dont la défaillance pourrait être à l’origine d’un accident, une étude technico-économique présentant les dispositions techniques retenues pour supprimer tous risques de rejets diffus de produit au niveau des installations de noir de carbone, une actualisation de l’étude de danger et l’établissement d’un POI pour l’usine. L’ARS souhaite par ailleurs que l’exploitant transmette rapidement une analyse des risques sanitaires et effectue des prélèvements dans l’environnement. L’agence demande enfin que l’exploitant caractérise les polluants présents dans un échantillon de produit utilisé sur le site. Ce rejet de noir de carbone suit un premier rejet qui a eu lieu le 3/09 (Aria 43281).