Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un feu se déclare dans un silo de 60 m³ rempli à moitié de poussières de polyuréthane, dans une usine de panneaux d’isolation en plastique. Vers 14 h, une explosion se produit au niveau d’un broyeur de panneaux de polyuréthane. La propagation dans le silo fait monter la capacité en pression et un des 4 évents lâche, provoquant un 2ème bruit d’explosion. Un début d’incendie s’en suit, avec dégagement de fumée et de gaz, dont du monoxyde de carbone (CO) et du cyanure d’hydrogène (HCN). L’alarme se déclenche à 14h05, 80 employés sont évacués. Le POI est déclenché. Les équipes internes de secours mettent en place une lance incendie et, à 14h15, appellent les secours extérieurs qui arrivent entre 14h30 et 14h45. Les énergies du site sont coupées et les vannes d’obturation du réseau pluvial sont actionnées.

A 15h30, les secours évacuent la zone industrielle et commerciale (26 personnes) et confinent 500 riverains. Un périmètre de sécurité est établi autour du site. Les pompiers, équipés d’ARI, refroidissent le silo avec des lances à eau. De la mousse est injectée par le haut. L’entreprise ne dispose pas des plans du silo. Une concentration maximale en HCN de 4 ppm est relevée, la VLE (Valeur Limite d’Exposition) étant de 1,9 ppm. Les eaux d’extinction débordent de la rétention, mais restent contenues sur le site, la cour extérieure imperméable faisant rétention. A 19 h, les énergies sont rétablies et une ligne de fabrication redémarre. Le feu est éteint à 22 h. A 1 h, une autre ligne de fabrication redémarre à son tour. Au cours de l’intervention, un pompier est incommodé par le CO. Du matériel provenant d’autres départements permet de mettre en place un réseau de mesure du HCN dans la zone.

Le lendemain, vers 10 h, après ouverture de la trappe, les pompiers sous ARI vidangent le silo par le bas, puis une société privée prend le relais. L’inspection des installations classées se rend sur place. L’intervention des secours s’achève à 20 h.

Les dégâts sur le site sont limités : le bardage d’un atelier est noirci par la fumée, le broyeur est légèrement endommagé et le silo est réparable. L’ensemble des lignes de production, arrêtées quelques heures et intactes, redémarre le 15/11.

Le silo en cause reçoit 2 types de déchets de sciures de polyuréthane : des poussières fines d’usinage qui sont aspirées, traitées dans un filtre à manche avant d’être envoyées dans le silo et des sciures plus grossières qui sont aspirées depuis un broyeur de plaques de polyuréthane mises au rebut, situé à proximité immédiate du silo (20 m de canalisation pour l’aspiration entre broyeur et silo). Ces poussières très légères représentent 450 kg pour les 30 m³ concernés. Compte-tenu de la configuration du site, il est peu probable que la partie usinage soit en cause (passage intermédiaire par le filtre, longueur de l’aspiration, absence d’élément métallique). Le broyeur serait en cause car des traces de feu y sont apparentes, les plaques broyées peuvent contenir une couche d’aluminium source d’étincelle. Par ailleurs, le broyage de ces plaques dégage du pentane pouvant s’enflammer par exemple lors d’un échauffement du broyeur. Ces plaques sont régulièrement à l’origine de départs de feu sur les casiers de stockage lors du broyage.

Après expertise de l’accident, les causes retenues sont une défaillance du système d’aspiration à la sortie du broyeur ayant engendré une augmentation de la concentration en pentane associée à la présence d’un corps étranger métallique non identifié, qui, au contact du rotor du broyeur, a créé un échauffement, puis une étincelle enflammant le pentane.

L’exploitant met en place un système de détection d’étincelles et d’extinction automatique à l’eau. D’autres mesures sont engagées : mise en place de détecteurs de pentane et de CO reliés à une centrale de mesures avec asservissement à l’arrêt des équipements, mise en place d’un dispositif permettant d’améliorer l’évacuation des “croquettes” résultant du broyage et éviter leur accumulation sous le rotor du broyeur, contrôle du bon fonctionnement du ventilateur permettant leur aspiration avec asservissement au fonctionnement du broyeur. Le tapis et le rouleau d’entraînement des panneaux du broyeur sont motorisés et le rotor est révisé avec remplacement des couteaux déchiqueteurs. Pour éviter le broyage de panneaux déchets avec parement aluminium, leur mise en benne est prévue directement après production et en cas de bennes pleines, une zone de stockage est créée à l’opposé du broyeur. Enfin, une affiche au niveau du poste broyeur rappelle aux opérateurs l’interdiction de broyage de ces panneaux faciles à identifier par rapport aux autres sans parement.

La mise en place de ces mesures garantissant le bon fonctionnement du broyeur, l’inspection des installations classées autorise son redémarrage le 16/04/2013.