Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans un centre Seveso seuil haut de transit / traitement de déchets industriels dangereux, une fumée jaunâtre à odeur chlorée est émise vers 10h40 par les évents d’une cuve verticale de 30 m³ contenant 7 m³ de déchets acides (pH=3) alors qu’un opérateur expérimenté transfère 1 800 l de solution étiquetée «acide» de 3 conteneurs de 1 000 l. L’exploitant déclenche son POI et arrose la cuve, provoquant ainsi un épaississement de la fumée. Les 25 employés du site et une centaine d’autres travaillant dans des entreprises voisines se confinent ; certains employés sont victimes d’irritations oculaires.

Alertés par l’exploitant, les secours publics interviennent 15 minutes plus tard en mobilisant 30 hommes et 8 véhicules ; 0,6 ppm de Cl2 sont mesurée à 3 m de l’installation et 0,2 ppm en limites de propriété. La police établit un périmètre de sécurité autour de l’établissement. Le contenu du réservoir fixe est transféré dans 10 conteneurs. Sur les conseils d’un autre établissement du groupe, l’exploitant neutralise le mélange à la soude et rince la cuve. L’intervention s’achève à 13 h et le périmètre de sécurité est levé. Le centre rédige un communiqué de presse.

L’inspection des installations classées se rend sur les lieux dans l’après-midi. Mal étiquetés, les 3 réservoirs contenaient un déchet liquide, à l’origine un produit chimique alcalin à base de chlorite de sodium (NaClO2) utilisé pour désinfecter l’eau destinée à la consommation humaine. En l’absence d’un certificat d’acceptation préalable sur le site en raison d’analyses en cours pour déterminer la filière de traitement adaptée, un commercial du centre a incité la station de potabilisation des eaux cliente à expédier son déchet avec un certificat de type « acide minéral ».

L’opérateur a bien prélevé un échantillon à l’arrivée du déchet et mesuré un pH de 9, sans pour autant relever l’étiquetage incohérent. Le test « pied de cuve » préalable destiné à vérifier la compatibilité du déchet à transférer avec celui déjà présent dans la cuve n’est pas représentatif des risques réactionnels au regard des volumes mis en oeuvre : 100 ml prélevés sur le déchet livré pour 10 à 15 l dans la cuve. L’utilisation improvisée d’un neutralisant chimique sans analyse préalable dans le cadre du POI aurait pu augmenter les risques. Le danger d’un mélange d’importantes quantités de produits incompatibles n’a enfin pas été identifié dans l’analyse préliminaire réalisée dans le cadre d’une récente étude des dangers qui ne retenait qu’un scénario conduisant au mélange de 30 l d’hypochlorite de sodium (javel) et de 30 l de solution acide.