Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine de fabrication d’engrais à base d’ammonitrates, le chauffeur d’une société extérieure chargeant son camion-citerne avec du CO2 liquéfié produit et stocké sur le site constate que la pression dans le flexible de chargement dépasse 15 bar et que ce dernier se rigidifie. Suspectant la formation d’un bouchon de glace, il interrompt le chargement en isolant le flexible de la citerne et du réservoir, puis décide de chauffer le flexible au niveau de la zone de connexion camion avec une canule de vapeur d’eau à 150 °C provenant d’un atelier de production voisin. Le flexible éclate en son milieu 5 min plus tard, blessant le chauffeur au cou, à la poitrine et à une jambe.

L’enquête révèle que le compteur de charge du camion était hors-service et que la vanne de purge du camion était fuyarde (écrou de serrage manquant). Le chauffeur, pourtant expérimenté, a procédé à la purge liquide du flexible avant d’avoir fait l’équilibrage des ciels gazeux, entraînant un temps de stagnation du liquide suffisant pour la formation d’un bouchon de glace dans le flexible. Le chauffeur n’a pris conscience du bouchon qu’après 3 tours de compteur du poste de chargement, soit 2 t de CO2 dépotées du réservoir fixe. Pour accélérer la disparition du bouchon, il décide de réchauffer le flexible à la vapeur; l’usage de vapeur en cas de bouchon de glace dans un flexible étant une pratique admise par les chauffeurs extérieurs et aucune consigne pour traiter ce type de problème n’apparaît dans la procédure de dépotage CO2 rédigée par l’usine. L’inox composant le corps du flexible conduit la chaleur et réchauffe très rapidement le CO2 qui se dilate très rapidement au-delà de 31 °C à 15 bar (phase super critique). Une vanne de purge côté atelier CO2 aurait dû évacuer la surpression dans le flexible mais celle-ci était bloquée car jugée défectueuse. Sa commande était flottante (usure du joint téflon supérieur, sans perte d’étanchéité), mais les chauffeurs extérieurs n’avaient jamais alerté le personnel de l’usine en charge de ces installations (manque de communication). L’inspection des IC demande à l’exploitant de l’établissement de faire appliquer aux personnes travaillant sur son site les bonnes pratiques en matière de chargement / déchargement de fluide cryogénique, qui proscrivent notamment le réchauffage de flexible à la vapeur d’eau quand ses extrémités sont colmatées par des bouchons de glace. Une expertise métallurgique confirme le bon état du flexible avant l’accident et un phénomène de rupture sous pression au milieu du flexible à une pression proche de 110 bar alors que celui-ci a une pression de service de 32 bar et une pression d’épreuve de 48 bar. L’exploitant révise la procédure d’inspection des flexibles et prévoit la pose d’une étiquette de non-conformité sur les flexibles jugés défectueux par le service d’inspection interne. Une procédure spécifique est rédigée en cas de bouchon de glace et autres incidents de dépotage possibles. Consigne est donnée aux chauffeurs de contacter la salle de contrôle de l’usine en cas d’incident sur le poste de dépotage de CO2 avant toute intervention. Un test d’étanchéité périodique de la ligne de dépotage CO2 est mis en place.