Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une papeterie, une vanne télécommandée permettant de dépoter un lessiveur (repère usine : 9) s’ouvre intempestivement vers 7 h lors d’un transfert de lessive de cuisson (bisulfite d’ammonium enrichi en SO2). Le mélange lessive / copeaux de bois se déverse dans un cuvier qui reçoit déjà de la pâte issue d’un autre lessiveur (repère usine : 2). Ce double afflux de matières entraîne l’atteinte du niveau très haut, puis le débordement de la capacité. Un effluent composé de pâte, de copeaux de bois et de lessive de cuisson s’écoule ainsi le long de la cuve vers des rétentions destinées aux égouttures provenant des pompes de reprise ou d’effluents de lavage. Les pompes non adaptées pour aspirer de la pâte se mettent en défaut. L’effluent déborde de la rétention et s’écoule dans le réseau d’eaux pluviales de l’usine avant de polluer le RETJONS. Quelques effluents sont néanmoins collectés et dirigés vers une lagune de traitement.

Des arrosages types queues de paon sont installés pour rabattre les vapeurs de SO2. Ils entraînent toutefois un lessivage et une dilution du rejet dans le réseau d’eaux pluviales. L’exploitant déclenche son POI 1h30 après l’incident et informe l’inspection des installations classées à 8h37. La production de l’usine est arrêtée. Les rejets depuis la lagune de traitement des effluents du site sont diminués pour limiter le flux de DCO rejoignant le milieu naturel. Le RETJONS, la MIDOUZE et l’ADOUR sont surveillés. Des relevés sont réalisés en différents points des cours d’eau pour suivre différents paramètres : O2 dissous, DCO, température, pH… Aucune mortalité aquatique n’est constatée.

L’exploitant évalue à 20 m³ la matière échappée du lessiveur n° 9, mais n’est pas en mesure de déterminer le volume du mélange lessive + pâte déversé dans le milieu naturel. Le mélange resté au niveau des pompes de relevage est récupéré via un camion hydrocureur, puis déversé en amont de la station de traitement du site. Les copeaux récupérés au niveau du dégrilleur de la station sont traités pour être brûlés dans la chaudière biomasse du site.

Pour expliquer les causes de l’accident, l’industriel présente un arbre des causes à l’inspection des IC. Parmi les éléments cités figurent :

  • une vérification des automatismes de commande en cours au niveau de l’armoire électrique du lessiveur 9 avec détection d’une anomalie dans la commande d’une vanne d’arrivée de vapeur ;
  • les actionneurs de la vanne de fond du lessiveur 9 et de la vanne de vapeur situés à la verticale l’un de l’autre sur 2 lignes superposées ;
  • lors de l’atteinte du niveau très haut dans le cuvier, la fermeture automatique et comme prévue de la vanne du lessiveur 2 ;

En complément, l’inspection interroge les opérateurs en poste lors des faits qui précisent que :

  • ils n’ont détecté aucune anomalie dans le process ;
  • l’ouverture de la vanne du lessiveur 9 a été identifiée comme un défaut, mais ce dernier n’a pas été retranscrit au niveau du bandeau des alarmes ;
  • lorsqu’ils ont constaté l’ouverture de la vanne sur le pupitre de contrôle, ils ont vérifié sur site sa position et commandé depuis la salle de contrôle sa fermeture qui n’a pas posé de problème.

L’exploitant teste les commandes de la vanne du lessiveur 9 via l’installation d’un actionneur qui permet de simuler le comportement du composant sans que celui-ci ne soit actionné. Les salles contenant les armoires des automates sont fermées à clé et les téléphones portables interdits.