Pollution
Humain
Environnement
Economique

Sur un site pétrochimique, des hydrocarbures gazeux fuient d’une tuyauterie de 3 pouces et sous 300 mbar de pression. Cette tuyauterie n’est pas utilisée dans le procédé. Elle constitue le piquage d’une autre ligne utilisée en tête d’un ballon d’alimentation en diluant du réacteur de l’unité de fabrication de caoutchouc. Elle ne peut en conséquence être isolée sans un arrêt préalable de l’unité. Durant les 80 h nécessaires pour localiser cette fuite, 17 t de composés organiques volatils (COV) dont 8,5 t de chlorure de méthyle (CH3Cl ou Chlorométhane), gaz incolore, facilement inflammable et irritant, sont émis à l’atmosphère. Les opérateurs sous appareils respiratoires autonomes (ARI) colmatent provisoirement la fuite avec un système d’obturation de fuites en marche (SOFM de type bande de polymère) et une procédure de surveillance est mise en place.

L’événement se produit lors d’une période prolongée de froid avec une température négative permanente jusqu’à – 18 °C depuis 8 jours, les équipements étant conçus pour une température minimale de – 12 °C. Le tronçon accidenté se fissure sur 5 à 6 cm à la suite d’un bouchon de glace et fuit lors du dégel. L’accumulation d’eau dans la tuyauterie résulte de la présence de gaz humide et de l’absence de circulation de produit dans le piquage non utilisé. Un contrôle, 8 ans plus tôt, n’avait pas révélé de perte d’épaisseur notable de métal au niveau de ce tronçon classé à un faible niveau de criticité.

La fuite est localisée tardivement en raison de l’aspect incolore du gaz, de la localisation en hauteur du tronçon, du non-déclenchement des détecteurs gaz de l’unité et d’une information insuffisante de l’opérateur en salle de contrôle. Ce dernier gère les stocks de diluants équipement par équipement, et sur une échelle de temps en heure, mais ne dispose d’aucune vue synthétique de la consommation globale journalière en diluant de toute l’unité. Ce bilan n’est accessible que par une analyse détaillée faisant remonter le début de la fuite à plus de 3 jours avant l’accident. La veille, une consommation anormale de diluant avait bien été détectée sur l’écran de visualisation, mais la faible pression dans le tronçon, la position en hauteur de la tuyauterie et la non coloration du produit n’avaient pas permis de situer précisément la fuite. Un opérateur la découvre fortuitement le lendemain en montant sur un échafaudage prévu pour des travaux.

Cette émission de 8,5 t de CH3Cl sur 80 h, pour 150 t rejetées annuellement, n’a pas d’incidence en matière de toxicité aiguë ou chronique pour le voisinage. La tuyauterie accidentée est supprimée quelques semaines plus tard et l’exploitant prend plusieurs mesures pour supprimer où surveiller la présence d’eau dans les tuyauteries de mêmes caractéristiques et véhiculant des fluides toxiques ou inflammables en période de grand froid : abandon des tronçons concernés, élimination de l’eau dans les tuyauteries ou vigilance renforcée en cas d’aléas météorologiques.