Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un chimiquier effectue le transvasement vers un autre navire d’une cargaison d’un produit contenant 97,5 à 99,5 % d’essence de térébenthine, le reste étant du sulfure de diméthyle (DMS), du disulfure de diméthyl (DMDS), du méthanethiol et du sulphure d’hydrogène (H2S). A 11h25, un marin et un superviseur du port contrôlent la cuve pour s’assurer qu’elle est bien vide. Le superviseur porte un masque respiratoire, mais pas le membre d’équipage. Le transvasement s’est effectué avec les écoutilles ouvertes car les têtes du système mobile de nettoyage étaient déjà installées. L’équipage a pris l’habitude d’utiliser ce système mobile car le système fixe de nettoyage est hors service (seules 7 têtes sur 65 sont opérationnelles) et n’a pas été réparé malgré l’information de l’armateur.

A 11h55, le nouvel équipage de quart prend son service et remarque une forte odeur (H2S et mercaptan) mais ne prend aucune mesure. L’odeur est plus forte au-dessus de la cuve en nettoyage et un jet d’eau sort par certaines écoutilles. Après le rinçage, 2 membres d’équipage retirent les équipements sans porter d’appareil respiratoire. L’un descend une échelle pour accéder aux écoutilles. Il ne sent plus l’odeur, le H2S ayant paralysé son nerf olfactif. A 12h13, il est victime d’un malaise et s’effondre.

Son collègue alerte immédiatement la cabine, l’officier de service déclenche l’alarme et envoie une civière et des appareils respiratoires sur place, les secours extérieurs et l’autorité portuaire sont alertés. Le membre d’équipage décide de ne pas attendre et porte directement secours à la victime. Il perçoit l’odeur et décide de ne pas descendre par l’échelle. Il approche par un autre accès en enjambant des canalisations. Alors qu’il progresse, il perd ses capacités motrices, ainsi que l’odorat et l’usage de la parole. Un autre membre d’équipage tente de les secourir après avoir retenu sa respiration mais doit se retirer.

Les équipes de secours du port extraient les victimes sur le pont et effectuent une réanimation cardio-respiratoire à la victime inconsciente et prise de convulsions. Les secours publics conduisent les victimes à l’hôpital. Le marin qui avait tenté de porter secours ressort dans la soirée mais l’autre victime reste en soins intensifs pendant 4 jours. Les 2 victimes ne présentent aucune séquelle.

L’autorité chargée des accidents maritimes effectue une enquête. Il s’avère que 2 fiches de sécurité différentes sur le produit ont été utilisées. L’une, transmise par l’armateur du cargo était incomplète et n’indiquait pas la présence d’H2S ; l’autre, complète, avait été transmise par un officier du navire lors du chargement. Cette dernière n’avait pas été communiquée à l’équipage. Le superviseur du port avait utilisé une 3ème fiche de sécurité. Cependant, l’appareil respiratoire qu’il a utilisé était insuffisant pour le protéger du H2S. Il apparait également que des obturateurs, pourtant disponibles à bord, n’ont pas été utilisés pour limiter les émanations via les écoutilles utilisées pour faire passer les têtes de lavage. Enfin, la zone dans laquelle les 2 victimes ont été intoxiquées est considérée comme une zone confinée par la réglementation maritime. Or cette zone ne comporte pas de panneaux l’indiquant.