Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans la chaufferie d’une usine de conversion d’uranium, 100 kg d’ammoniac (NH3) fuient vers 8h20 d’une canalisation raccordée à un réservoir de 400 kg de frigorigène alimentant une installation de réfrigération produisant de l’eau glycolée à – 15 °C utilisée pour cristalliser de l’hexafluorure d’uranium (UF6).

Hors compresseurs, l’installation est à l’extérieur des bâtiments. Les tuyauteries où circule l’NH3 ont un calorifuge froid constitué de plusieurs couches de brai (bitumastic amiante), de liège et d’enduit. Ce dernier qui contient de l’amiante est à remplacer. A cet effet, un sas spécifique à l’air libre avec plusieurs cellules a été construit.

La 4 août au matin, 3 opérateurs en surtenue avec ARI vérifient les cotes de la tuyauterie d’NH3 sous le calorifuge. Intervenant dans la zone travaux du sas, ils découpent le calorifuge sous une boîte à gant en vinyle avec une scie dotée d’une lame bois et entament par erreur la canalisation sans doute fortement corrodée qui fuit. Evacuant les lieux, les opérateurs sont conduits au service médical interne, puis regagnent leurs postes de travail un peu plus tard.

L’usine est mise en pré-alerte PUI (Plan d’Urgence Interne), un périmètre de sécurité est établi et les employés se confinent. Les opérateurs isolent les circuits d’NH3 à 8h45 ; 100 à 150 ppm d’NH3 sont mesurées dans le sas de sécurité autour du chantier de désamiantage, 25 ppm aux alentours et rien au-delà de 30 m.

Equipés d’ARI, 3 agents vérifient l’état de l’installation et confirment l’absence de rejet résiduel. Disposant de 4 gants, la boite qui épouse largement la tuyauterie possède un sac pour récupérer les poussières d’amiante. Préservant son étanchéité, les agents isolent en légère surpression ce sac qui contient 10 l d’NH3 non totalement anhydre.

Zone ATEX, le sas de travail est aéré en pratiquant des ouvertures et un rideau d’eau (queues de paon) est mis en place. Le sac sera finalement sorti du sas vers 20h30 et, pour limiter toute réaction exothermique, noyé dans l’un des bassins de 60 m³ de traitement des effluents liquides du site. Lors de cette opération, la teneur locale en NH3 ne dépasse pas 30 ppm. Une prise d’échantillon confirme quant à elle que la concentration en ions ammonium des effluents rejetés ne dépasse pas le seuil fixé dans l’arrêté préfectoral.

Le confinement de la tuyauterie d’NH3 et l’intégrité du sas « amiante » sont contrôlés et améliorés vers 21 h. Le lendemain, la concentration en NH3 dans le sas de travail est inférieure à 100 ppm et de quelques ppm dans les premiers sas. Les services techniques élaborent une stratégie de vidange et de mise en sécurité des installations avant la reprise des travaux. Elle sera présentée pour avis à l’inspection des IC.

L’exploitant informe les autorités concernées (préfecture, services de sécurité nucléaire, inspection des IC), ainsi que les mairies avoisinantes et diffuse un communiqué de presse.