Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un bassin de rétention d’effluents se rompt dans une mine d’uranium. L’enceinte de rétention qui l’entoure, cède à son tour et libère 370 000 m³ de solution et 1 100 t de matière pulvérulente radioactive. L’activité des éléments libérés (thorium 230 et radium 226 essentiellement) qui s’élève à 46 Curie (1 700 Gbq), est comparable à celle relâchée la même année lors de l’accident de Three Mile Island. La phase solide se dépose gravitairement à proximité sur la parcelle de l’exploitant et dans l’ARROYO voisine. Le liquide s’écoule jusqu’à rejoindre le RIO PUERCO ; 110 km de cours d’eau dont 45 dans l’État d’Arizona voisin sont contaminés. La coulée sature des réseaux d’égouts et laisse derrière elle des mares contaminées.

Malgré la mise en oeuvre du plan d’urgence de l’État du Nouveau Mexique incluant de nombreux prélèvements sur site, la prise de conscience par la population n’est pas immédiate : dans les 2 jours suivant l’accident, plusieurs personnes sont victimes de brûlures aux pieds après avoir pataugé dans la rivière du fait de la forte acidité de la solution rejetée. La presse mentionne une mortalité de bétail. Des concentrations élevées en métaux polluent également à long terme des aquifères.

3 500 fûts de déchets sont récupérés. Après remise en fonctionnement du bassin, l’activité est suspendue sur ordre de l’Etat du Nouveau Mexique du 8 au 13/11 en raison du non respect de la largeur minimale de la plage (éloignement entre le liquide et le corps du barrage).

Un approvisionnement par camion est assuré jusqu’en 1981 notamment pour l’alimentation du bétail et l’irrigation. L’eau de la rivière est ensuite utilisée à nouveau malgré la contamination résiduelle. La mine fermée en 1982 est inscrite en 1983 dans la liste des priorités nationales de l’agence fédérale de protection de l’environnement (EPA) en raison de la migration de radionucléides et de composés chimiques relevée dans les eaux souterraines.

En janvier 1980, la commission fédérale de régulation nucléaire (Nuclear Regulatory Commission) attribue dans une publication au registre fédéral la rupture à une erreur de conception : mauvaise évaluation de l’amplitude et de l’hétérogénéité des tassements des matériaux alluvionnaires sur lesquels étaient fondés l’ouvrage. Cette erreur a entraîné des tassements différentiels et la fissuration du barrage aggravée par un défaut d’exploitation. En effet, l’exploitant n’a pas maintenu un éloignement suffisant entre la phase liquide contenue dans le bassin et le corps du barrage, ce qui a affaibli ce dernier par remplissage des fissures et saturation du matériau.

Un accord conclu en 1988 entre l’EPA et l’exploitant contraint ce dernier à réaliser des travaux de réhabilitation. Les eaux de 3 nappes souterraines peu profondes, polluées par les résidus de stériles acides, des sulfates, du thorium, du radium et du fer sont pompées à l’aide de puits existants ou additionnels puis envoyées vers des bassins d’évaporation. Les cellules du bassin d’effluents miniers sont recouvertes d’une membrane pare-radon. Ce procédé ayant permis de limiter la migration des polluants dans l’eau, mais pas d’abaisser suffisamment les teneurs constatées est redéfini en 2008. Des procédés de dépollution faisant appel à l’injection massive d’eau et à son pompage ultérieur sont à l’étude en 2011.