Pollution
Humain
Environnement
Economique

Alors qu’il part en pause vers minuit, un employé d’une usine recyclant des solvants industriels est alerté par un bruit de refoulement et une forte odeur en provenance de la zone de stockage de solvants à traiter. Il s’approche et découvre un nuage de vapeurs blanches dérivant au niveau du sol vers le bâtiment abritant le laboratoire et la salle de contrôle des opérations de distillations, à 9 m de là. Il tente de fermer les vannes reliant la zone de distillation et la zone de stockage mais il est repoussé par l’intensité de l’odeur. Il retourne en salle de contrôle pour alerter ses collègues de service et s’équiper d’un respirateur (ARI). D’autres employés perçoivent ce bruit et cette odeur, certains présentent des difficultés respiratoires et tombent à genoux après l’avoir inhalé.

A 0h07, le nuage s’enflamme au contact d’un point chaud et explose violemment (UVCE) au niveau des chaudières de la zone de distillation. Une seconde explosion se produit quelques secondes après dans la zone de stockage des solvants usagés, et un front de flamme traverse une partie du site. Un employé en salle de contrôle est gravement brûlé par la boule de feu et celui qui s’équipait du respirateur a le bassin fracturé lorsque les casiers du vestiaire s’effondrent sur lui. Des explosions secondaires se succèdent pendant 45mn alors qu’un violent incendie se déclare dans le secteur stockage/distillation, alimenté par les solvants qui se sont déversés dans les cuvettes de rétention des cuves endommagées par les effets thermiques et le souffle des explosions (effet domino). L’employé blessé au bassin parvient à ramper hors du bâtiment pour échapper à l’incendie, il est retrouvé 2 h plus tard à 200 m près du bâtiment administratif. 2 autres employés sont légèrement blessés, l’un s’est coupé en escaladant une clôture barbelée et l’autre souffre de problèmes respiratoires.

Les pompiers, alertés vers 0h10, interviennent mais doivent laisser l’incendie se développer car les canalisations de la réserve d’eau de 1800 m³ du site sont endommagées et il n’est pas possible de retenir les eaux d’extinction faute de dispositifs de rétention (le site se trouve à côté de ressources en eau sensibles). Le lendemain, ils appliquent un tapis de mousse sur les décombres de la zone de stockage des solvants, le sinistre est maîtrisé vers 10h30. Le véhicule de contrôle de l’agence environnementale (EPA) n’a pas détecté de concentrations dangereuses aux alentours du site. L’ensemble des unités du site, ainsi que 20 habitations et 5 entreprises sont détruites ou gravement endommagées. Le montant global des dégâts est estimé à 27 millions de dollars (19,8 millions d’euros de 2009). L’exploitant diffuse plusieurs communiqués de presse à l’intention des riverains.

L’enquête de l’agence fédérale de sécurité chimique (CSB) montre que l’accident est survenu à l’issue d’une opération de purge à l’azote des tuyauteries pour ramener le lot de solvant en cours de recyclage (THF, solvant organique inflammable, LIE 0,3%) dans une cuve de stockage après distillation. Les dispositifs contre les surpressions des cuves (soupape, disque de rupture) sont directement reliés à l’atmosphère du bâtiment en espace confiné. Le CSB a 2 hypothèses pour expliquer la formation du nuage :

  • les résidus de THF, contenant des péroxydes, ont été activé par l’oxygène de l’air quand la pression de la purge les a chassés par le trou d’homme de la cuve ou un de ses évents,
  • la tuyauterie de retour du solvant entre la distillation et le stockage a été raccordée par erreur à une cuve pleine de produit inflammable ou de péroxydes usagés, provoquant une surpression quand le THF recyclé a été envoyé.

Un point chaud, vraisemblablement une des 2 chaudières au gaz en service, a allumé le nuage (un défaut électrique dans le bâtiment contrôle/laboratoire est une autre source possible, celui ci n’étant pas aux normes).

L’enquête révèle aussi des lacunes dans les procédures de contrôle et d’exploitation du site.