Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 12h45, dans une usine pharmaceutique classée Seveso seuil bas, une explosion suivie d’un feu se produisent pendant une opération de synthèse chimique dans un réacteur batch à pression atmosphérique (fabrication d’un azoture hydraté en chauffant de l’oxazoline en présence d’azoture de triméthylsilyle, ou TMSA, et d’un solvant, le t-butanol). Un important nuage de fumée se dégage. Le plan d’urgence interne est déclenché et les 400 employés sont évacués. Les habitants de 5 communes alentours sont invités à se confiner (fermeture des portes et des fenêtres) pendant 2 h. Les pompiers publics et ceux de l’entreprise maitrisent l’incendie. Les dégâts matériels sont importants (estimés à 2,5 Meuros) mais aucun blessé n’est à déplorer, l’explosion s’étant produite au moment du changement d’équipe.

Le réacteur impliqué et le bâtiment sont lourdement endommagés.

Le réacteur, en acier inox, était doté de nombreux appendices en verre (condensateur, refroidisseur de liquide…). Dans l’enveloppe externe du réacteur circulait de l’huile thermique (fluide caloporteur refroidi ou réchauffé par des échangeurs de chaleur). Le solvant utilisé dans la réaction était du t-butanol. L’un des intermédiaires de la réaction est l’azoture d’hydrogène (HN3, substance très réactive). L’hypothèse retenue est que la quantité d’impuretés d’un métal alkalin (sels de potassium) présent dans une des matières premières (l’oxazoline) était supérieure à la normale. Ces impuretés auraient eu un effet catalyseur sur la réaction de production de HN3 mais pas sur sa réaction de consommation. Le HN3 se serait alors accumulé dans le réacteur et ses annexes jusqu’à devenir très instable. L’explosion serait survenue à l’intérieur des connexions en verre entre le système de refroidissement et le système de purification de gaz. L’explosion a enflammé l’huile thermique circulant à l’extérieur du réacteur, générant l’incendie.

Les leçons suivantes sont tirées de l’événement :

  • La réaction chimique, bien que mise en œuvre depuis de nombreuses années, n’était pas connue dans son ensemble avant l’accident.
  • Le mélange du TMSA et d’un solvant peut être à l’origine de l’apparition de HN3 sous certaines conditions. Ce composé, lorsqu’il est sous forme liquide, peut être à l’origine d’une explosion par simple choc. Il est nécessaire de contrôler sa concentration lors des réactions chimiques.
  • La teneur en sels de potassium augmente sensiblement la vitesse de production de HN3 alors qu’elle n’a pas d’impact majeur sur la vitesse de consommation de celui-ci. Cela favorise l’accumulation de ce produit instable lors de la réaction. Pour écarter ce danger, un contrôle de la concentration en potassium doit être réalisé avant chaque batch.
  • Dans une optique de réduction des dangers à la source, une réflexion sur le remplacement de l’agent réfrigérant (utilisation d’un liquide non inflammable au lieu de l’huile thermique?) devrait être menée.