Pollution
Humain
Environnement
Economique

L’exploitant d’une usine d’engrais est alerté par la police de l’eau d’une mortalité piscicole consécutive à des concentrations anormales en ions ammonium relevées plusieurs semaines durant dans le rû d’ANCOEUR (2ème catégorie). L’exploitant du site constate alors que le trop plein de son bassin “eaux de surface” de 18 000 m³ collectant eaux pluviales, eaux sanitaires traitées et effluents peu chargés en NH4+, rejoint un exutoire non exploité constitué par un drain agricole se déversant dans l’YVERNY affluent du rû d’ANCOEUR.

L’exploitant alerte l’inspection des IC et obture les points de rejet direct du bassin vers le rû. La production de l’atelier ammoniac (NH3) est réduite 24h et un dispositif de pompage / stockage des eaux du bassin est mis en place.

L’enquête effectuée révèle la conjugaison de plusieurs dysfonctionnements :

  • Détérioration de la pompe d’envoi des condensats strippés de l’atelier NH3 (clapet défaillant), provoquant l’arrêt de la colonne de strippage et la dérivation des condensats non strippés, chargés en NH4+, dans le bassin “eaux de surface” pour un strippage alternatif à l’air libre depuis 27 jours,
  • Rupture des garnitures hydrauliques internes d’une pompe de l’atelier de fabrication de nitrates d’ammonium en solution chaude (NASC) après une réparation incomplète. Pour les refroidir, les garnitures des pompes NASC sont arrosées par de l’eau qui rejoint ensuite le bassin des eaux de surface pour recyclage. Deux semaines avant l’accident, l’eau arrosant cette pompe fuyarde, chargée en NH3 et en ions NH4+, a contaminé le bassin “eaux de surface” durant 72 h,
  • Entrées d’eau supérieures aux sorties dans le bassin “eaux de surface”, entraînant le débordement du trop plein. L’augmentation des entrées d’eau résulte des fuites sur l’alimentation en eau brute de forage, la baisse du débit de sortie faisant suite à une consommation plus faible en eau de refroidissement de l’atelier acide nitrique, ainsi qu’à une perte de débit des pompes d’aspiration du bassin du à leur encrassement,
  • Détection trop tardive de la pollution du bassin, avec une mesure de conductivité en ligne à l’entrée du bassin, mais des analyses d’échantillons réalisées que 24 h après détection de conductivité haute.

L’inspection des IC demande à l’exploitant de confiner les effluents, de contrôler l’état des réseaux, de recenser tout exutoire possible vers le milieu, de mettre à jour le plan des réseaux d’eaux, d’inspecter les canalisations du site, de récupérer et d’éliminer les eaux polluées et de surveiller quotidiennement la qualité des eaux du rû en amont et en aval du point de rejet (paramètres physico-chimiques et biologiques). L’exploitant répare les fuites du réseau de pompage, rehausse le trop plein du bassin, augmente le taux de recyclage du bassin vers les aéroréfrigérants, modifie les pompes NASC, installe un capteur de conductivité sur les effluents de l’atelier des ammonitrates et modifie la procédure prévue en cas de pollution du bassin.