Pollution
Humain
Environnement
Economique

La station biologique de traitement des effluents industriels d’un grand site chimique est victime d’un phénomène de foisonnement des boues à la suite du développement de bactéries filamenteuses (bulking). La décantation des boues organiques dans les clarificateurs devient impossible, entraînant leur débordement vers la station finale de traitement physico-chimique du site qui sature rapidement. L’effluent en sortie de station rejoint le milieu naturel (Le MERLE puis la ROSSELLE). L’eau devient brune et trouble. Des dépassements significatifs des normes de rejets pour les paramètres des MEST (matières en suspension), DCO (demande chimique en oxygène) et DBO5 (demande biologique en oxygène sous 5 j) sont enregistrés en sortie de station.

La ROSSELLE potentiellement impactée rejoint la SARRE en Allemagne. Les autorités allemandes sont prévenues par la Protection Civile dans le cadre des procédures transfrontalières. L’exploitant informe l’inspection des IC et rédige un communiqué de presse le 4/08.

Des mesures sont prises dès la découverte de l’anomalie : baisse de la charge hydraulique, essais de floculants alternatifs, chloration puis ré-ensemencement de la station. Avant rejet au milieu naturel, les effluents sont traités par de grosses unités mobiles (filtration et coagulation/floculation/décantation) dès le 5ème jour (coût des opérations 0,5 M€). La production de plusieurs ateliers du site est ralentie dans l’attente du rétablissement des performances des stations de traitement ; l’une est arrêtée, l’activité de deux autres est réduite de 30 à 50 %, entraînant des pertes d’exploitations élevées. Une partie des effluents qui alimente la station biologique est stockée pour limiter la charge organique à l’entrée de la station. Une surveillance du milieu naturel à moyen terme est mise en place pour évaluer l’impact réel de l’accident (tests écotoxicologiques sur daphnies…). Un contrôle inopiné diligenté par l’inspection des IC, 10 jours après l’accident, montre la conformité des effluents rejetés dans le milieu.

L’exploitant envisage plusieurs hypothèses pour expliquer l’apparition des bactéries filamenteuses : destruction accidentelle de la biomasse, défaut d’oxygénation, carence de nutriments, variation de charge brutale en entrée de station, conditions climatiques défavorables (température élevée)…

A terme, une étude sur les ouvrages de traitement des eaux de la plate-forme est envisagée afin de justifier leur dimensionnement (fermeture de plusieurs installations entraînant leur sur-dimensionnement).