Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine chimique, des flexibles de lavage et une canalisation fixe en acier (DN 80) se rompent à 12h15 lors du nettoyage d’un évaporateur/liquéfacteur avec du tétrachlorure de carbone (CCl4). Un rejet de 1 m³ de CCl4 et de particules de chlorure ferrique (FeCl3) forme un épais nuage orangé visible hors du site. L’exploitant s’organise en fonction d’un scénario “fuite de chlore” et alerte la population par sirène. Les équipes de sécurité vérifient qu’aucune personne n’a été intoxiquée. La fuite est colmatée vers 13 h, aucun blessé n’est à déplorer et l’activité de l’usine n’est pas impactée. L’exploitant publie un communiqué de presse.

Une partie du rejet s’est évaporé, une autre est susceptible de s’être mélangée aux eaux pluviales. Les effluents du contre-fossé qui constitue un exutoire avant rejet au milieu naturel de l’ensemble des égouts pluviaux du site sont déviés vers le bassin de rétention des eaux d’extinction d’incendie ; les mesures réalisées ne révèleront aucune concentration significative de CCl4 dans les effluents collectés dans ce bassin.

Depuis quelques temps, le circuit de purge de l’évaporateur/liquéfacteur (EVLQ) fonctionnait de manière non satisfaisante, un colmatage interne intermittent du circuit d’échange et de récupération des frigories étant soupçonné. Quelques semaines auparavant, des lavages internes avec du dichlorométhane ou chlorure de méthylène (CH2Cl2) avaient été tentés, sans succès, pour dissoudre les dépôts colmatant, essais réalisés après isolement de la capacité et recirculation du solvant en circuit fermé avec pompe mobile et flexibles blindés. L’énergie apportée par la pompe entraînant une augmentation de la température de la boucle, les lavages ont été interrompus pour éviter l’ébullition du CH2Cl2.

Le mercredi matin, l’utilisation de CCl4 en lieu et place du CH2Cl2 est autorisée ; le CCl4 qui peut en effet être mis en oeuvre à une température plus élevée, est « saturé » et donc moins réactif avec le chlore (Cl2).

Un lavage est réalisé dans la journée, arrêté le soir et repris le lendemain dans des conditions normales jusqu’à l’accident. Pliée à plus de 90 °, la canalisation en acier est arrachée de ses supports et le mélange de lavage est projeté sur les voies de circulation interne et les réservoirs voisins. En présence de Cl2 anhydre, du FeCl3 se forme dans toute capacité en acier ; cette couche de “passivation” protège l’acier contre l’agressivité du Cl2. Sa coloration orangée s’accentue en présence de quantités même très faibles d’eau. C’est la suspension de particules de FeCl3 dans le brouillard de CCl4 vaporisé qui a formé le nuage orangé. La pression dans la canalisation est montée à près de 80 b, provoquant une perte de confinement instantanée et brutale.

Sur les lieux lors de l’accident, l’inspection des IC demande à l’exploitant un rapport détaillé de l’évènement. La remise en exploitation de l’EVLQ est conditionnée à la détermination des origines et circonstances précises de l’accident.