Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 1h du matin, un bassin de rétention de cendres de charbon d’une centrale thermique rompt. 4,1 Mm³ de boues (cendres et eau) se répandent sur 1,6 km² sur une épaisseur atteignant 1,8 m. L’étang SWAN, les rivières EMORY et CLINCH affluents du TENNESSE ainsi que le barrage de WATTS BAR sont pollués. La vague de boue endommage des lignes électriques, une conduite de gaz, une route et 54 maisons dont 12 sont entièrement recouvertes et 1 arrachée de ses fondations. Une personne est légèrement blessée. La production d’énergie n’est pas interrompue, les déchets sont stockés dans un bassin demeuré intact.

Les réseaux sont rétablis dans les jours suivants. Les cendres, considérées par les lois locales et fédérales comme des « déchets non-dangereux » sont principalement composées de silice et comportent des traces de métaux et de radionucléides. L’exploitant ensemence les zones couvertes de rejets pour éviter la dispersion par voie éolienne. Le 01/01/2009, un laboratoire indépendant décèle dans l’eau prélevée au droit du rejet, à 600 m et à 2 400 m en aval, des teneurs en métaux (As, Cu, Ba, Cd, Cr, Pb, Hg, Ni, Tl) au-delà des seuils pour la consommation humaine.

Le 11/05/2009, un accord entre l’exploitant et l’agence fédérale de l’environnement (EPA) précise les modalités de dépollution. Du fait d’impacts à long terme redoutés sur la santé et l’environnement, 3,1 M m³ de cendres sont extraits, évacués par rail et mis en dépôt à Arrowhead (Alabama) et une enceinte résistant aux séismes est construite autour du bassin endommagé. Le coût total est de 975 M$ selon l’exploitant. Pendant les travaux, la qualité de l’air et de l’eau fait l’objet d’un suivi serré (respectivement 142 000 et 20 000 prélèvements en 1 an).

Un bureau d’étude international mandaté début janvier 2009 rend ses conclusions d’expertise le 25/06/2009. Le bassin comportait une enceinte extérieure fondée sur l’argile en place et remplie de cendres par le passé, complétée par une enceinte intérieure construite par relevages successifs par la méthode « vers l’amont », 70 m en retrait à l’intérieur de la première. Ce nouvel ouvrage reposait donc sur les cendres déposées initialement sous forme liquide dans l’enceinte extérieure. L’analyse géotechnique in situ a établi la présence d’une fine couche de boues atypiques localisée à la verticale d’une partie de l’enceinte intérieure et comprise entre l’argile naturelle (dépôt alluvionnaire dans le lit de la rivière) et les cendres rapportées. Ces boues proviennent du rejet direct des cendres via un chenal dans l’EMORY au cours des premières années d’exploitation de la centrale. Un dépôt stratifié de cendres et de sédiments fluviaux aux très mauvaises caractéristiques mécaniques (forte teneur en eau, faible résistance au cisaillement et sensibilité au fluage) s’est formé sur une partie de l’emprise des futurs bassins de rétention sur une épaisseur de 9 cm. Sa déformation progressive lors du remplissage du bassin a conduit à la rupture : un glissement de la partie nord-ouest du corps de l’enceinte intérieure le long d’une surface de rupture plongeant à l’amont de l’enceinte intérieure, traversant les 30 m de cendres retenues, atteignant la couche de boue sous-jacente et la longeant au dessous du corps de l’enceinte intérieure avant de remonter vers la surface entre les enceintes intérieure et extérieure provoquant la libération de boues liquéfiées et la ruine d’ensemble.

Des fuites constatées par l’exploitant en pied d’enceinte intérieure lors de l’inspection annuelle de 2003 avaient donné lieu à des réparations des instabilités locales et à la mise en place d’un drainage complet du corps de l’enceinte. A la suite d’une nouvelle instabilité en novembre 2006, le dispositif avait été complété par des drains en pied, des puits de drainage, un renforcement de la base de l’ouvrage en enrochement et 30 piézomètres.

En août 2009, l’exploitant envisage le stockage des déchets de cette centrale sous forme sèche dans l’avenir, technique qu’il emploie déjà dans 5 autres sites. Il réalise un audit sur la sécurité des autres centrales de même conception qu’il possède.

Le 30/11/2009, un comité d’experts mandaté par l’état du Tennessee souligne le manque d’études de conception au cours des relevages des bassins ainsi que la mauvaise connaissance des caractéristiques des matériaux et du fonctionnement de l’ouvrage par l’exploitant. Il recommande l’abandon de la construction par l’amont, l’application aux bassins de stockage d’effluents de la réglementation des barrages hydrauliques et estime par ailleurs assez efficace la mise en œuvre du plan de secours.

L’exploitant communique par voie de presse à la suite de l’accident. Il a entre février et décembre 2009 racheté 150 parcelles touchées.