Pollution
Humain
Environnement
Economique

A 4h15 du matin, un ballon de dégazage d’eau de chaudière se rompt brutalement dans une unité de distillation atmosphérique d’une raffinerie en “arrêt chaud” depuis août 2009. L’éclatement du ballon à moitié plein, de 8m³ implanté à 6 m du sol sur un rack, provoque un bruit sourd perceptible à l’extérieur du site et des dégâts matériels sur les équipements proches : l’interne du ballon impacte un four de surchauffe à 6 m de haut et provoque une fuite de gazole sur les vannes d’isolement d’une pompe de charge brut. Une moitié du ballon est restée sur le rack mais l’autre moitié se trouve au pied de l’unité en deux fragments (fond et virole) L’exploitant isole les équipements endommagés, arrose préventivement la pompe endommagée avec une lance et prévient l’inspection des installations classées vers 8h40. Les explosimètres n’ont rien détecté et l’absence de trace noire (suie, produits gras) dans le ballon ne laisse pas penser à une explosion d’hydrocarbure. Des simulations donnent une pression d’éclatement entre 5 et 7 bar (présence de vitres intactes à 40 m de l’unité). Deux jours après l’accident, il procède au dégazage complet de l’unité, celle-ci était maintenue en température en vue d’un éventuel redémarrage et avait été vidangée des hydrocarbures habituellement traités 5 mois avant, en début de période hivernale.

Le ballon permet d’éliminer les gaz inertes éventuellement dissous dans l’eau de chaudière avant sa transformation en vapeur. L’exploitant étudie plusieurs hypothèses, celle d’une explosion due à un flash interne provoqué par l’accumulation de produit inflammable (résidu d’hydrocarbure, hydrogène) issus des circuits de condensats et d’une source chaude est écartée. Des prélèvements d’eau et test de pression montrent l’absence de pollution hydrocarbure du réseau eau/vapeur. Les sources d’ignition potentielles dans le ballon étaient à 200 °C, inférieure à la température d’auto inflammation des deux produits suspectés (HC à 230 °C et H2 à 560 °C). L’hypothèse retenue est une montée progressive en pression liée à une fragilité de la robe du ballon, l’exploitant ayant découvert que:

  • la robe du ballon s’est déchirée au niveau de la cornière de support du calorifuge, en raison d’une corrosion externe due à l’accumulation d’eau sur ce support horizontal,
  • de la vapeur à 12 bar entrait dans le réseau des condensats, puis dans le ballon en raison de la défaillance de certains purgeurs (bypass ouvert ou décollé, monté à l’envers donc débitant en permanence). Les entrées de condensats sont devenues supérieures aux sorties dans le ballon. Situation aggravée par la non-application complète d’une procédure hors gel qui prévoit l’aspiration permanente du ballon, et la limitation des exutoires du ballon car une vanne entre le ballon et sa garde hydraulique a été retrouvée fortement bridée.

L’exploitant effectue une campagne de contrôle et de remplacement des purgeurs du réseau vapeur. A titre de retour d’expérience, il vérifie la configuration et renforce le contrôle des gardes hydrauliques et des supports de calorifuges.