Pollution
Humain
Environnement
Economique

Circulant à 14h08 dans l’allée principale d’une usine classée Seveso d’aliments pour animaux, un employé note une forte odeur d’ammoniac (NH3). Identifiant une fuite, il utilise l’arrêt d’urgence par coup de poing pour mettre en sécurité le réseau NH3 en fermant des vannes d’isolement et alerte le poste de sécurité.

La fuite (gaz + aérosol) est à 2 m de haut sur une tuyauterie de 40 mm de diamètre, piquage raccordé d’un côté à une canalisation centrale d’NH3 liquide de 80 mm de diamètre sur rack à 4 ou 5 m de hauteur et, de l’autre après un tracé horizontal et vertical de longueur indéterminée, à un capteur de pression à 1 m du sol. Ce capteur permet de réguler la pression d’NH3 dans la tuyauterie centrale de plusieurs dizaines de m de long.

Une équipe de maintenance tente mais sans y parvenir de mettre en place un système d’obturation de fuites en marche (SOFM de type collier d’étanchéité). Le POI est déclenché à 14h27 et 294 des 297 employés présents (3 n’auraient pas entendu la sirène d’alerte) se confineront durant 30 min.

La canalisation principale est isolée en fermant 2 vannes de sécurité, puis le tronçon de 60 m compris entre celles-ci est vidé et inerté à l’azote ; l’intervention correspondante est réalisée en moins de 30 min. avec arrosage de la brèche durant les opérations. Peu avant 15 h, le directeur des secours considère que la situation est maîtrisée et lève le POI, mais l’accès à l’allée centrale reste interdit jusqu’à nouvel ordre.

L’alimentation en NH3 des ateliers est interrompue le temps de remplacer le tronçon défectueux par une tuyauterie neuve aux caractéristiques identiques. La distribution d’NH3 et les activités du site reprendront progressivement, entre 0 et 2 h le 07/01/2010, soit une dizaine d’heures après l’alerte. La perte d’exploitation est évaluée à quelques centaines de milliers d’euros.

En exploitation normale, le réseau NH3 est alimenté à partir d’une sphère de stockage de 250 t. La quantité d’NH3 émise n’est pas connue mais évaluée à moins de 200 kg. Un vent (25 km/h) orienté Nord-Ouest a favorisé la dispersion du nuage d’NH3 formé et aucune odeur n’a été perçue hors de l’établissement. Selon l’exploitant, la fuite résulterait d’une corrosion sous calorifuge de la canalisation avec une surface équivalente de brèche évaluée à 5 mm².

Dans l’étude des dangers réalisée sur ses installations, l’exploitant avait envisagé des fuites de ce type sur des brèches au moins équivalentes à 1 % de la section des tuyauteries, considérant que des fuites de taille inférieure n’auraient aucun effet significatif au-delà des limites du site ; cette approche a été confirmée par le présent incident avec les conditions météo du jour.

L’exploitant effectue un contrôle d’épaisseur bisannuel des tuyauteries NH3, en des points prédéfinis par ses soins. Un tel point de contrôle existait à quelques mètres en amont de la zone de fuite, mais aucun en aval, la fuite étant située en fin de piquage. Aucune anomalie n’avait été identifiée lors du dernier contrôle réalisé en ce point amont.