Pollution
Humain
Environnement
Economique

Pendant 18 h, 500 m³ de solution contenant 5 kg d’uranium, 1 121 kg de fluor et 1 332 kg d’ammonium sont rejetés dans le canal de TAURAN et rejoignent le canal de la ROBINE 3 km en aval. Les substances proviennent de l’unité d’hydrofluoration d’une usine de conversion de concentré minier d’uranium en tétrafluore d’uranium (UF4), première étape de la préparation de combustibles nucléaires à usage civil. L’analyse quotidienne des prélèvements effectuée par l’exploitant révèle de larges dépassements des seuil de l’arrêté d’autorisation : 781 kg de fluor et 962 kg d’ammonium rejetés (seuil respectifs de 5 et 230 kg/j), puis 340 kg de fluor et 370 kg d’ammonium le lendemain. L’exploitant arrête immédiatement l’installation. Des relevés complémentaires dans le TAURAN confirment les teneurs en fluor. Il informe les autorités ainsi que la presse.

L’inspection demande à l’exploitant d’effectuer une analyse complète de l’effluent et un suivi environnemental, de rédiger un rapport sur l’accident et de prendre des mesures pour éviter le renouvellement de la situation ; 150 prélèvements et 500 analyses des taux de fluor, ammonium, nitrate et uranium sont réalisés sur 7 jours pour le TAURAN et la ROBINE. Le pic de pollution au fluor est de 15 mg/l dans le TAURAN et de 0,97 mg/l le 25/08 à 2 h dans le ROBINE (seuil de potabilité : 1,5 mg/l). Une faible mortalité piscicole est constatée les 25 et 26/08. Aucune évolution des teneurs n’est relevée dans les piézomètres à proximité du TAURAN. Les niveaux des rejets repassent au-dessous des seuils après 4 jours.

Selon les services sanitaires, l’absence d’usage sensible (captage d’eau potable, baignade) dans le TAURAN et la ROBINE ainsi que la dilution dans le milieu naturel écartent toute conséquence sanitaire directe sur les populations. Le niveau de la ROBINE étant bas, l’étang des BAGES n’est pas impacté.

Les causes de l’accident sont multiples. Les effluents fluorés étaient stockés dans une cuve. Afin d’éviter leur refroidissement entraînant des cristallisations , une circulation était maintenue dans un échangeur thermique externe constitué d’une conduite à double paroi datant de 1984. Les effluents s’écoulant dans le tube intérieur étaient chauffés par de la vapeur injectée entre les 2 parois. Vers 21 h le 21/08, la corrosion du tuyau interne de l’échangeur a entraîné l’apparition de plusieurs trous de 1 mm de diamètre et la mise en communication de la vapeur et des effluents. Le mélange a été évacué vers la cuve de collecte des condensats dont la vanne de sortie a été rapidement fermée par l’automate de contrôle y détectant une conductivité trop élevée. Les condensats souillées ont rempli la cuve jusqu’au trop-plein avant de se déverser dans la rétention. Le 23/08 à 17 h, l’opérateur a constaté le débordement et réouvert la vanne après une lecture erronée de l’affichage, croyant avoir vu une valeur de 6 µS/cm (inférieure au seuil maximal de 30 µS/cm) alors que l’écran avait changé d’échelle et affichait 6mS/cm. Les effluents se sont écoulés vers 2 fosses en aval et ont rejoint le TAURAN. Pendant les 24 heures suivantes, le personnel a acquitté les alarmes du site et l’ictomètre détectant l’activité radiologique dans la canalisation de rejet vers le TAURAN sans procéder à la levée de doute. Seule l’analyse quotidienne des eaux du canal a permis de repérer le rejet.

A la suite de l’accident, l’exploitant met en place un suivi préventif du vieillissement et renforce le contrôle des dimensions des tuyauteries. L’afficheur ne changera désormais plus d’échelle et affichera une valeur spécifique en cas de saturation. La vanne manuelle de la cuve de condensats est supprimée et une vanne automatique est installée pour les cuves suivantes, ainsi qu’un arrêt automatique des pompes de rejets en cas de non-conformité. Les vérifications des paramètres de sûreté et d’environnement deviennent systématiques à chaque relève et les rejets accidentels sont intégrés aux exercices périodiques. Le directeur du site établit un bilan au comité local d’information et de concertation (CLIC) le 14/09.

Le 23/12/2011, l’exploitant est condamné à 60 000 euros d’amende dont 20 000 euros avec sursis pour “déversement de substances nuisibles dans les eaux superficielles”, à verser 5 000 euros à chacune des associations qui se sont portées parties civiles, ainsi qu’à la publication du jugement dans la presse.