Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 10h20, lors d’un dépotage de soude en solution dans une entreprise de fabrication de caoutchouc synthétique, une projection de ce produit atteint le chauffeur du camion-citerne aux yeux et au visage.

Le chauffeur allemand, formé depuis le 12/01/09, décharge le camion de soude avec l’opérateur français de l’exploitant. Aucun des deux ne parle la langue de l’autre. La citerne est reliée au bac de soude par un bras de dépotage. A la sortie de la citerne, se trouve une vanne d’isolement, une pièce de jonction puis le bras de dépotage et sa vanne d’isolement.

A la fin du dépotage, un capteur de détection de manque de liquide arrête la pompe de déchargement. L’opérateur français vérifie alors l’absence d’anomalie grâce aux voyants prévus à cet effet. Il explique au chauffeur allemand qu’il va purger les organes de raccordement vers le bac de soude. Il ferme alors la vanne d’isolement du bras de dépotage et s’apprête à ouvrir la vanne d’air pour débuter le soufflage lorsqu’il entend un bruit de décompression. Il découvre le chauffeur agenouillé, le bras de dépotage et la pièce de jonction déconnectés de la citerne.

Le conducteur ne connaît pas les installations ni les pratiques du site et il a cru que l’opérateur lui demandait de souffler lui-même, comme il en a l’habitude, avec son compresseur. Il ferme donc la vanne d’isolement de la citerne et souffle avec le compresseur : de la soude est alors pressurisée entre 1,5 et 2 b sur 40 cm de long, entre la vanne d’isolement de la citerne et la vanne d’isolement du bras. L’opérateur n’ayant pas eu le temps de purger de son côté, la déconnexion du raccordement projette la soude sous pression. Malgré sa combinaison anti-acide complète et son casque à visière, le chauffeur est touché aux yeux et au visage, le produit étant passé sous la visière de protection.

Les salariés de l’usine portent secours à la victime qui est mise sous la douche de sécurité et à qui sont fournis des produits neutralisants. Les médecins urgentistes évacuent la victime à l’hôpital et la gendarmerie vient étudier les lieux de l’accident : la vanne d’isolement de la citerne est bien fermée et le couvercle de la citerne dépotée est ouvert.

Le chauffeur est arrêté 45 jours. Des réunions post-accident permettent de comprendre l’enchaînement des évènements. Des mesures sont proposées : mise en place d’un protocole de transport en plusieurs langues et distribué aux fournisseurs, précisant mieux les opérations de déchargement des camions de substances corrosives, document d’aide à la communication, basé sur des schémas et photos, plastifié et testé sur site pour les chauffeurs avec qui il existe des difficultés de communication. Enfin, les opérateurs devront s’assurer que les chauffeurs connaissent la procédure et qu’ils sont munis des protections individuelles adaptées.