Pollution
Humain
Environnement
Economique

Un réservoir de la station de traitement des effluents d’une société de traitement de l’uranium d’un pôle nucléaire déborde vers 23 h dans sa cuve de rétention au cours d’une opération de nettoyage. Cette cuve, non réparée après avoir été endommagé lors de travaux 6 jours avant, cède le 08/07 vers 3 h et déverse sur le sol 20 m³ de solution uranifère, contenant 12 g/l d’uranium naturel. Ces effluents s’infiltrent dans le sol du site et rejoignent la GAFFIERE, puis le LAUZON, via le réseau des eaux pluviales.

L’exploitant prévient l’inspection des installations nucléaires à 7 h seulement, met en place un plan de mesures et de surveillance de l’environnement, colmate la brèche du bassin de rétention, vidange la cuve qui a débordé, installe un barrage sur le canal d’évacuation des eaux pluviales avant de le nettoyer et fait décontaminer la zone polluée du site pour éviter une migration de l’uranium vers le sous-sol.

A 16 h, la préfecture, informée par les autorités nucléaires d’un risque évalué faible pour la population, interdit par arrêté la consommation d’eau potable issue de captages privés sur les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte du Rhône, l’irrigation agricole issue des rivières, les activités nautiques et la baignade sur les plans d’eau du TROP-LONG, du BALTRACES et DES GIRARDES, la pêche et la consommation dans LA GAFFIERE, l’AUZON, LA MAYRE GIRARDE et le lac du TROP-LONG.

Le 10/07, les prélèvements dans les cours d’eau montrent que la teneur en uranium est redevenue normale. Les dernières interdictions sont levées le 22/07. L’eau des forages privés des habitations non raccordées au réseau d’eau potable et situés sur la partie ouest de Bollène et à l’intérieur de la bande des 100 m de part et d’autre du LAUZON est cependant analysée. L’inspection des installations nucléaires se rend sur place et fait interrompre une partie de l’activité du site le 11/07 pour cause d’irrégularités dans l’exploitation : la mise en sécurité destinée à empêcher toute nouvelle pollution n’est pas complètement satisfaisante, le maintien du stockage d’effluents uranifères dans une rétention non conforme, les conditions d’exploitation lors de l’incident présentaient des irrégularités par rapport aux dispositions réglementaires, l’exploitant n’a informé les pouvoirs publics que le matin du 08/07.

Des associations écologistes, des riverains et des mairies portent plainte contre l’exploitant pour “pollution des eaux”. Le 17/06/2010, le parquet de Carpentras requiert 100 000 € d’amende, réduite à 40 000€ le 15/10/2010 par le Tribunal qui écarte l’accusation de pollution. Les analyses ultérieures menées par l’IRSN montrent que les teneurs en uranium de la nappe alluviale du site côté de Lapalud seraient d’origine naturelle, contrairement à celles relevées côté Bollène qui seraient liées à l’activité passée du site nucléaire. Saisie par les parties civiles, la cour d’appel de Nîmes reconnaît le 30/09/2011 l’exploitant coupable du délit de déversement de substances toxiques dans les eaux souterraines ayant entraîné une modification significative du régime normale d’alimentation des eaux. A ce titre, il est condamné à verser une amende de 300 k€, plus 20 k€ de dommages et intérêts à chacune des parties civiles et 10 k€ pour préjudice moral à une dizaine de riverains (privation d’usage d’un pompage souterrain ou perte de valeur de biens immobiliers).