Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 8h20, une fuite alimentée se produit sur une canalisation en aval des réacteurs dans une unité de fabrication d’acide nitrique d’une usine de produits chimiques de base. Le déclenchement des sécurités entraîne l’arrêt de l’atelier. Un nuage orangé de gaz nitreux est émis à l’atmosphère pendant 30 secondes. Les pompiers du site installent des rideaux d’eau sur la fuite. Les mesures de toxicité sous le vent se révèlent négatives. Aucun blessé n’est à déplorer. Les installations de production ne sont pas endommagées. L’exploitant diffuse un communiqué de presse.

L’enquête menée par l’exploitant montre que la fuite s’est produite au niveau d’une soudure longitudinale d’un piquage (DN 700, P=2,7 bar, T=85 °C, acier carbone type 304 L) en sortie d’un échangeur gaz nitreux / gaz nitreux de l’unité. L’équipement, fabriqué en 1991, provenait d’une autre usine du groupe qui avait fermé. Inutilisé pendant 3 ans, il avait été monté sur l’unité accidentée en 1994 et son diamètre avait été augmenté de 500 à 700 mm pour limiter la perte de charge. N’étant pas soumis à la réglementation des équipements sous pression à cette époque (P<4 bar), l'intervention n'était pas bien documentée : pas de certificat matière ni cahier de soudage. Cette réglementation ayant évoluée en 2000, l'équipement a été qualifié en 2004, mais sans aucun dossier constructif ou modificatif. Une expertise métallurgique du piquage montre que, si la matière est conforme, une corrosion acide (intergranulaire) s'est développée au niveau des soudures longitudinales faites de 2 morceaux de tôles envirolés et soudés. Cette corrosion a provoqué une perte d'épaisseur significative dans les zones affectées thermiquement (ZAT) des tôles : 0,4 mm résiduel contre 2 mm à l'origine. Une énergie thermique trop importante a été utilisée pour les soudures latérales lors de la modification de diamètre du piquage. Une précipitation de carbures de chrome est aussi observable en dehors des ZAT, caractérisant un traitement thermique incomplet de la tôle utilisée. Ces 2 erreurs de traitement métallurgique ont provoqué la diminution locale de la teneur en chrome de l'acier, devenu plus sensible à la corrosion intergranulaire par condensation d'acide nitrique lors des phases transitoires. Cette corrosion a provoqué la rupture franche du piquage sous pression à proximité d'une des soudures. La perte d'épaisseur au niveau de la soudure avait été détectée en 2006 et n'avait conduit qu'à un suivi spécifique de la tuyauterie, le prochain contrôle étant prévu en 2008.

L’exploitant vérifie l’épaisseur des autres équipements sur les tuyauteries de l’unité, notamment dans les ZAT des soudures longitudinales, mais aucune perte d’épaisseur n’est constatée. Le plan d’inspection des tuyauteries est renforcé et intègre un contrôle d’épaisseur périodique des ZAT de soudures longitudinales. Un retour d’expérience sur cet accident est fait un niveau des autres usines du groupe par prise en compte de ce mode de dégradation.