Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine chimique, un bac en SVR (stratifié verre résine) de 50 m³ contenant 40 t d’acide chlorhydrique (HCl) à 27 % se rond brutalement au niveau du trou d’homme. La virole du bac se rompt sous l’effet du vide crée par la vidange brutale (les équipements en SVR n’ont pas de résistance au vide). Son contenu se déverse dans une cuvette de rétention traitée anti-acide contenant par ailleurs 2 autres bacs, l’un d’HCl, l’autre de chlorure ferrique (FeCl3). Ce dernier est également équipé d’une sous-cuvette de rétention en béton non-traitée contre l’acide. Par effet de vague, de l’acide entre en contact avec le bac de chlorure ferrique qui fuira à son tour, la cuvette en béton étant par ailleurs rapidement attaquée. Les pompiers du site interviennent en diluant la nappe d’acide déversée dans le réseau d’eaux pluviales. Les mesures de pH sur celles-ci ne montreront pas d’impact notable et l’exploitant diffuse un communiqué de presse. Une rupture du trou d’homme du bac d’acide serait à l’origine de l’accident. Les conséquences d’un tel accident auraient pu être beaucoup plus importantes dans la mesure où le bac accidenté est susceptible de contenir de l’HCl à 33 % fumant à 20 °C et les conditions météorologiques (vent et température) étaient alors favorables.

L’enquête menée par l’exploitant montre que le bac, ayant 18 ans de service, s’est rompu par la conjonction de 3 facteurs :

  • le revêtement (liner en polypropylène) s’est dégradé progressivement sou l’action de l’acide, ce qui a favorisé l’amorçage d’une fissuration au niveau du trou d’homme. Ce trou constitue une zone de fortes contraintes mécaniques et la fissure s’est amplifiée, provoquant l’entrée d’acide dans la résine constituant l’enveloppe du réservoir;
  • l’utilisation d’une résine isophtalique dont la résistance à l’acide est limitée, ce qui a entraîné une décohésion de la stratification en présence de l’acide infiltré ;
  • les cycles de remplissage et de vidange fréquents du bac conduisant à une pression importante sur les parois, pression qui a finalement provoqué la rupture de la résine fragilisée par l’attaque acide (le nombre de cycles admissibles en fatigue mécanique diminue rapidement lorsque les contraintes augmentent ; compte tenu des hauteurs de liquides plus faibles, les bacs horizontaux sont moins sensibles à ces phénomènes).

L’exploitant recense les bacs de ses différents sites pour identifier ceux qui présentent un risque potentiel et définit une stratégie de suivi en service spécifique à ce type d’équipement.

A titre de retour d’expérience et sur la base d’un accident similaire survenu sur un autre de ses sites (ARIA 32538), l’exploitant modifie les principes de conceptions des bacs destinés à ce type d’usage:

  • éviter de construire des bacs en SVR avec un revêtement thermoplastique jouant le rôle de barrière anticorrosion (la différence de comportement mécanique des 2 matériaux favorise la fissuration des soudures au niveau des points singuliers) ;
  • éviter l’utilisation de bac de grande hauteur par rapport au diamètre ;
  • utiliser une résine à résistance chimique élevée (type vinylester) pour la couche structurelle SVR ;
  • utiliser une couche de finition externe non pigmentée pour faciliter la détection précoce de dégradation de la structure ;
  • limiter les zones de contraintes mécaniques sur le bac (points d’attaches du bac sur les parois…), ou répartir les efforts.