Pollution
Humain
Environnement
Economique

Réservoir tampon entre un procédé continu et un procédé discontinu dans une usine chimique, un bac vertical de 200m³ en SVR (stratifié verre résine) se fissure rapidement, puis s’effondre au sol en provoquant une brèche dans sa cuvette de rétention : 100 t d’un mélange de 70 % d’acide sulfurique à 60% et de 30 % de lactame (polymère organique acide) se déversent sur le sol. La virole du bac se rompt sous l’effet du vide crée par la vidange brutale (les équipements en SVR n’ont pas de résistance au vide). Les terres polluées sont neutralisées avec du carbonate de calcium. Les graviers excavés sur 20 cm de profondeur sont stockés sur le site dans des andains équipé de liners étanches. L’effluent épandu sur les surfaces goudronnées est collecté et dirigé vers un bassin tampon pour être traité ; aucun rejet dans le GAVE ne sera observé. Une surveillance piézométrique du pH est mise en place ; aucun impact n’est signalé. Des mesures de SO2 et d’H2S réalisées en limite de propriété à proximité du bac sont négatives. Toutes les sections de l’atelier de production sont mises à l’arrêt, des équipes d’exploitation, de sécurité et de maintenance sont mobilisées. Cet arrêt est maintenu 9 jours, le temps de trouver une solution alternative.

Selon l’exploitant, l’accident résulte de la conjonction de 3 facteurs :

  • la présence d’un point fixe contre la paroi du bac (passerelle solidaire du muret de rétention) qui constitue une zone de fortes contraintes mécaniques. Le revêtement (liner) s’est fissuré à ce niveau (petite fuite se transformant en déchirure verticale de la virole au droit de la patte de support), provoquant l’entrée d’acide dans la résine constituant l’enveloppe du bac ;
  • l’utilisation d’une résine isophtalique dont la résistance à l’acide est limitée, ce qui a entraîné une décohésion de la stratification en présence de l’acide infiltré ;
  • la forme verticale du bac conduisant à une pression importante dans sa partie inférieure, pression qui a finalement provoqué la rupture de la résine fragilisée par l’attaque acide (la fonction tampon du réservoir lui impose des cycles de remplissage et de vidange fréquents, le nombre de cycles admissibles en fatigue mécanique diminue rapidement lorsque les contraintes augmentent ; compte tenu des hauteurs de liquides plus faibles, les bacs horizontaux sont moins sensibles à ces phénomènes).

L’emploi de ces résines ne présente toutefois aucun danger tant que l’intégrité du liner interne anti-corrosion et étanche est préservée. L’analyse de l’accident retient comme principale cause une erreur de conception du bac compte tenu de son usage dans le procédé. Par effets dominos lors de sa chute, celui-ci aurait pu provoquer l’arrachement de canalisations ou l’éventration d’un stockage ou d’une unité de production. A titre de retour d’expérience et sur la base d’accidents similaires survenu sur d’autres sites (ARIA 6838 et 32680), l’exploitant modifie les principes de conceptions des bacs destinés à ce type d’usage :

  • éviter de construire des bacs en SVR avec un revêtement thermoplastique jouant le rôle de barrière anticorrosion (la différence de comportement mécanique des 2 matériaux favorise la fissuration des soudures au niveau des points singuliers) ;
  • éviter l’utilisation de bac de grande hauteur par rapport au diamètre (le bac accidenté fait 12 m de haut) ;
  • utiliser une résine à résistance chimique élevée (type vinylester) pour la couche structurelle SVR ;
  • utiliser une couche de finition externe non pigmentée pour faciliter la détection précoce de dégradation de la structure ;
  • limiter les points d’attaches du bac sur les parois, ou répartir les efforts.