Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans une usine chimique, 60 kg de cyanure d’hydrogène (HCN) sont émis à l’atmosphère pendant 15 min lors du redémarrage de l’atelier acide cyanhydrique (HCN) / cyanhydrine d’acétone (CA) après un arrêt triennal. Plusieurs détecteurs d’HCN dans l’unité donnent l’alarme, le POI de l’établissement est déclenché, l’unité est mise en sécurité et le personnel se confine dans les locaux pendant 2 h. L’exploitant maîtrise l’émission gazeuse en refroidissant le bac de stockage de CA en cause, notamment à l’aide de la couronne d’arrosage équipant le bac. Les mesures d’HCN dans l’air effectuées en limite de site se révèleront négatives. Le POI est levé 3 h après son déclenchement. Un opérateur est légèrement intoxiqué, les 18 personnes présentes dans la salle de contrôle subissent un contrôle médical à l’infirmerie du site. Les pertes d’exploitation liées au retard de démarrage de l’atelier sont évaluées à 0,4 MEuros.

Une décomposition thermique de la cyanhydrine d’acétone contenue dans le bac de stockage, due à la présence d’acide sulfurique (H2SO4) et d’eau (H2O), est à l’origine de l’émission de cyanure d’hydrogène et de la montée en pression du bac, le rejet se produisant au niveau du clapet coupe-feu du réservoir. La présence en fond de bac d’H2SO4, qui est un stabilisant pour le CA, résulte de la non-fermeture pendant une dizaine de minutes de la vanne manuelle d’isolement du pot d’injection de H2SO4 associé au bac de stockage. L’opérateur, conscient de cet état de fait, n’avait pas considéré la présence d’H2SO4 dans le réservoir comme un risque du fait de ses propriétés stabilisantes pour le CA. La réalisation d’un test d’étanchéité des installations à l’eau avant redémarrage explique par ailleurs la présence d’eau dans la ligne d’alimentation en CA. L’exothermicité de la réaction H2SO4 + H2O + CA est à l’origine de la montée en température du milieu et de la décomposition de la CA.

A la suite de l’accident, le POI de l’établissement est révisé pour améliorer la communication vers les populations voisines en cas d’incident, l’étude de dangers est revue pour intégrer le retour d’expérience de cet évènement et la vanne manuelle à volant entre le bac et le pot de H2SO4 est remplacée par une vanne TOR. Un inventaire des vannes manuelles ayant la même configuration est effectué avant remplacement éventuel. Par ailleurs, une étude est effectuée pour statuer sur la nécessité du pot d’H2SO4 sur ce bac. Enfin, la formation du personnel vis-à-vis du risque toxique est améliorée.