Pollution
Humain
Environnement
Economique

Vers 15 h, à l’ouverture d’un sac dans une usine de produits agrochimiques employant 320 personnes, un technicien constate un échauffement de “mancozèbe technique” utilisé comme fongicide contre le mildiou et donne l’alerte. Sa sur-combinaison est légèrement brûlée. Vers 15h30, une odeur de mercaptan envahit l’atelier. Armé d’un RIA, un agent de maîtrise crée alors un rideau d’eau. Ce phytosanitaire n’est pas fabriqué sur le site, mais provient d’un fournisseur implanté en Alsace. Le lendemain à 8h50, le PPI est déclenché sans mesure d’évacuation ou d’interruption de la circulation sur l’A6. Parmi les 300 big-bags de 500 kg stockés depuis 15 j, plusieurs sacs présentent des signes d’auto-échauffement (jusqu’à 120 °C). Le service de sécurité de l’usine isole les sacs dans la cour de l’établissement, à proximité du bassin de rétention des eaux polluées. La soixantaine de pompiers aidée d’employés de l’usine installe des rideaux d’eau pour éviter les conséquences d’éventuelles émanations toxiques. La préfecture active une cellule de crise à 9h15. Une CMIC effectue une reconnaissance dans l’allée de stockage avec une caméra thermique. Aucun dégagement toxique (H2S) n’est détecté. Vers 15h, 40 pompiers sous ARI neutralisent les sacs par immersion progressive dans des conteneurs alimentés en eau par 10 lances. La cellule de crise de la préfecture est désactivée vers 17h50, les personnes d’astreinte restant cependant en alerte. Des rondes sont effectuées dans la nuit. Le 23/09, le PPI est désactivé à 11h30 mais le POI est maintenu. Le 25/09, le traitement de tous les sacs se termine vers 4h30 et le POI est levé. Un employé en contact avec le produit chimique est hospitalisé moins de 24 h. Les effluents issus du traitement par immersion (1 400 m³) sont incinérés dans les meilleurs délais. Les boues issues du traitement, désormais rendues totalement inertes, sont reprises et traitées par le fournisseur du fongicide. L’accident est relayé par la presse. Une enquête est menée pour en déterminer les causes (stabilité du mancozèbe, utilisation de sulfate de manganèse liquide au lieu de la forme cristallisé, conditionnement en big-bag simple enveloppe et non dans une sache interne en polyéthylène ?). L’auto-échauffement du mancozèbe est irréversible au-delà de 60 °C et conduit à une décomposition rapide dès 136 °C avec formation de CS2, SO2, H2SO4. La dispersion des fumées contenant du CS2 a généré dans les zones habitées les plus proches, des concentrations inférieures à 400 µg/m³, conformes à la valeur guide OMS (100 µg/m³) dans les conditions de la campagne de mesure. Le fabriquant-fournisseur qui précise avoir constaté la semaine précédente un problème identique sur un autre stock, prélève des échantillons sur les sacs pour analyses d’exothermie réalisées dans 2 laboratoires étrangers. Cet événement était bien identifié dans l’étude de dangers, mais cette dernière devra cependant être révisée pour prendre en compte les derniers enseignements.