Pollution
Humain
Environnement
Economique

Dans la nuit, un navire battant pavillon panaméen dont l’équipage est russe, décharge de ses cales des déchets de précédentes cargaisons sur les quais du port autonome. Selon les autorités néerlandaises, début juillet, le navire qui avait annulé le déchargement de ces boues noires huileuses en raison de plaintes concernant leur toxicité devait alors faire route pour l’Estonie. Avec l’autorisation des administrations compétentes, une société spécialisée transfère les 528 t de substances toxiques sur 17 sites, en majorité des décharges. Selon l’affréteur, les déchets sont un mélange de gazole, d’eau et de soude caustique utilisée pour nettoyer les cuves. Selon d’autres sources, il s’agirait d’H2S, de mercaptans, de phénols et de composés organochlorés ou de boues issues du raffinage pétrolier. La présence de dérivés pétroliers serait confirmée par la détection de méthylmercaptan et de phénols, tous 2 issus du raffinage. Les analyses effectuées montrent que l’eau potable n’est pas polluée, d’importantes mesures ayant été prises pour protéger les sites d’approvisionnement en eau potable et des périmètres de sécurité mis en place autour des décharges. Les hôpitaux comptabilisent plus de 100 000 consultations, une dizaine de milliers de personnes est intoxiquée, 69 hospitalisations et 15 morts dont 4 enfants sont à déplorer. Les patients souffrent de céphalées, épistaxis, vomissements, éruptions cutanées. La population manifeste son mécontentement pendant plusieurs jours. Le gouvernement prend en charge gratuitement les personnes intoxiquées dans les 32 centres sanitaires de la capitale et sollicite l’assistance technique d’autres pays. Un détachement français de la sécurité civile est dépêché, avec 500 kg de matériels d’analyses, pour conseiller les autorités sur les dispositions à prendre à court et moyen termes pour la protection des populations. Les décharges étant fermées, les tas d’ordures nauséabonds s’accumulent un peu partout dans la ville. Le gouvernement décide de fermer les jardins maraichers situés près des sites pollués et les étangs piscicoles dans lesquels de nombreux poissons sont retrouvés morts. Selon la presse néerlandaise, entre mai et juin, 70 000 t de pétrole brut auraient été transformées en essence (cours élevé) sur le navire : 72 t de déchets soufrés auraient ainsi été produits. 18 personnes sont inculpées pour empoisonnement et infraction à la législation sur les déchets toxiques. Pendant 2 mois, un groupe français est désigné pour excaver les terres et pomper les lixiviats dans des camions citernes spécifiques. Les déchets collectés et stockés dans un entrepôt sécurisé sont acheminés vers des installations spécialisées en France. Le coût de la décontamination s’élève à 30 M€ ; 9 300 t sont traitées à partir de mai 2007 mais plusieurs milliers de tonnes de déchets restent à traiter. A l’issue d’une transaction avec l’Etat ivoirien en février 2007, l’affréteur verse 100 milliards de FCFA (152 M€) d’indemnisation.