Pollution
Humain
Environnement
Economique

Entre le 28/04 et le 9/05, 34 cas groupés de légionellose sont recensés dans un secteur couvrant 20 km : 26 dans le Rhône et 6 dans l’Ain. 50 % des cas (17 sur 34) sont survenus entre le 2 et le 5 mai. Le réseau national identifie 2 autres cas : ces personnes domiciliées dans l’Isère et les Côtes d’Armor ont en commun d’avoir fréquenté une zone située entre Caluire et Rillieux-la-Pape. Des enquêtes environnementales au domicile des malades sont effectuées.

Le regroupement des cas dans le temps et l’espace suggère une source de contamination commune avec émission d’aérosols contaminés par des légionelles sur une courte période correspondant vraisemblablement à la dernière semaine du mois d’avril (du lundi 25 au samedi 30 avril).

L’analyse spatiale des résidences et des déplacements des cas sont en faveur d’une source de contamination située dans une des deux communes de Caluire-et-Cuire ou Rillieux-la-Pape.

Compte tenu de ces éléments, l’investigation environnementale se porte en priorité sur les sites exploitant des tours aéroréfrigérantes (TAR) ou autres installations susceptibles de générer des aérosols, en fonctionnement en avril 2005, situés sur ces deux communes.

La préfecture met en place des mesures de précaution par arrêtés : nettoyage et désinfection des TAR en fonctionnement, suspension de toute nouvelle mise en service de TAR, suspension de la brumisation des produits frais en magasin, interdiction de fonctionnement des stations de lavage de voitures, arrêt des jets d’eau et des cascades fonctionnant en circuit fermé à Caluire et Rillieux, obligation des maraîchers-horticulteurs de désinfecter leur réseau d’irrigation et d’utiliser de l’eau potable.

Le survol de la région en hélicoptère équipé d’appareils photographiques et d’une caméra thermique, permet de localiser 16 sites susceptibles d’abriter des TAR et de vérifier l’arrêt effectif des TAR demandé par arrêté. Une enquête sur le terrain établit que 12 sites n’ont pas encore déclaré leur TAR. Sous réserve d’avoir été nettoyés et désinfectés, les jets d’eau, cascades et stations de lavage sont autorisés à redémarrer. Au 1/06, les TAR de 28 sites sont contrôlées. 11 sont à l’arrêt depuis l’automne 2004 mais une désinfection est réalisée.

Au fur et à mesure de leur identification, les TAR font l’objet de prélèvements pour recherche de légionelles par culture. Un exploitant de TAR fait également réaliser des prélèvements pour une analyse par PCR quantitative en temps réel.

11 TAR sont mises hors de cause après analyses. Les brumisateurs des 3 magasins, les systèmes d’irrigation et les 7 stations de lavage sont également écartés des sources potentielles de contamination, les résultats d’analyses étant négatifs. Pour les autres TAR, les analyses révèlent la présence de légionelles mais les souches environnementales ne correspondant pas à celles identifiées sur les patients affectés.

La décision d’autoriser la remise en service des tours est prise si les résultats à 5 jours sont négatifs et sous condition de fournir à l’inspection des installations classées un plan de redémarrage, un plan de surveillance (avec au minimum un prélèvement 48 heures après la remise en fonctionnement puis tous les 15 jours) et un plan de traitement.

Parmi les 34 patients, dont l’âge médian est de 64.5 ans, 27 ont été hospitalisés dont 5 en service de réanimation. Aucun n’est décédé.

Les investigations environnementales et microbiologiques n’ont pas permis d’identifier la source de l’épidémie. En effet, la souche clinique (pneumophila sérogroupe type 1, dite « lorraine »), isolée chez 3 patients, n’a pu être retrouvée dans aucune des installations à risque recensées sur la zone des investigations : aucune des 24 souches d’origine environnementale isolées par les laboratoires à partir des prélèvements ne présentait un profil identique à celui de la souche clinique. Ceci est en faveur d’une émission ponctuelle d’aérosols contaminés par la souche épidémique et est cohérent avec la durée limitée de cette épidémie. La source de contamination avait probablement cessé d’émettre des légionelles avant la détection de l’épidémie et la mise en œuvre des mesures de gestion.